Est-ce que le secteur du numérique est un secteur d’avenir professionnel pour les personnes neuro-atypiques ? À une ère où le numérique devient nécessaire au quotidien, il est primordial que tout le monde puisse avoir accès au recrutement.
De plus, le secteur numérique lui-même est en plein essor. Les technologies évoluent, les métiers aussi, ce qui accroît également les besoins en compétences.
En 2018, Pôle Emploi a recensé plus de 71 000 offres d’emploi. Cet essor ne cessera pas dans les prochaines années. Mais concrètement le numérique permet-il un accès plus facile à l’emploi pour tous ? Comment cela s’organise-t-il ? Pour quels types de handicap ? Comment cela-est-il possible ?
#1 – Le secteur numérique,en plein essor pour tous ?
Constat, réactions !
En France, les secteurs du numérique offrent 34 000 emplois nets. On estime que 85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore ou que plus de 191 000 emplois sont à pourvoir d’ici 2022. En 2018, l’étude, le développement informatique, la maintenance informatique et la bureautique sont les activités qui ont le plus recrutés. Pourtant, les offres d’emplois sont plus importantes que la main d’œuvre qualifiée.
Principaux métiers en tension : les développeur·ses, les expert·e·s en sécurité des réseaux et les architectes des systèmes d’Information. Le secteur numérique, bien qu’en besoin de profils, n’est pas inclusif. Le candidat type restait ancré à des critères obsolètes : Homme de plus de 40 ans, en CDI, et parisien.
C’est pour palier à ce constat que Diversidays et l’association l’Agefiph ont uni leurs forces. En effet, pour Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph* : ce partenariat rappelle « que les situations de handicap ne sont pas un frein pour profiter du formidable levier d’insertion professionnelle que sont les métiers du numérique. Aujourd’hui, nos ambitions communes en matière d’égalité des chances et d’inclusion, dans un secteur en recherche continue de talents, se réalisent ».
Qui embaucher ?
Les personnes en situation de handicap représentent à peine 4% de travailleurs en emploi direct dans le secteur privé et moins de 2% des réorientations professionnelles. Pour l’Agediph, plusieurs facteurs sont en cause :
- Un manque d’adaptabilités
- Un manque d’informations accessibles
- Un manque de politiques efficaces d’inclusion dans les entreprises
Si toutes les personnes en situation de handicap ne sont pas aptes à travailler dans le secteur numérique, les personnes neuro-atypiques**, elles, sont toutes indiquées ; en contrepartie de certains aménagements.
#2 – Les personnes neuro-atypiques, candidats idéaux au recrutement du secteur numérique
Témoignages de recrutement réussi
Laurent Delannoy, cofondateur et président d’Avencod témoigne de la qualité du travail observée chez les personnes neuro-atypiques : « Ce sont des talents remarquables, intelligents et doués d’une grande capacité de concentration. Mais bien souvent leur insertion professionnelle est freinée, voire empêchée, en raison de leur difficulté à décoder les situations de la vie quotidienne ». Ce témoignage est représentatif de l’expérience des personnes porteuses d’autisme travaillant dans ces métiers numériques qui, plutôt sédentaires avec peu d’interactions sociales s’adaptent parfaitement à leurs comportements et besoins. Leurs capacités de mémorisation, d’analyse, leur esprit créatif, leur attention minutieuse et leur goût pour l’informatique font d’eux des candidats de valeurs pour les entreprises.
Vincent Bouchot, référent handicap dans le groupe BRGM à Orléans donne un constat similaire : « Nous avons 36 salariés handicapés, soit 4,7% de nos effectifs et la moitié de leurs postes de travail ont été aménagés ». Il témoignage de l’intégration de Blanche, porteuse d’autisme, qui a commencé en stage de 6 mois avant d’être embauché en CDD. Son processus de recrutement avait été adapté afin de lui éviter tout stress inutile.
Les solutions techniques !
Mounira Hamdi & Anthony Babkine, co-fondateurs de Diversidays témoigne de l’importance de ce partenariat qu’ils estiment évident, social et nécessaire pour les entreprises numériques : « Le numérique a un rôle déterminant à jouer pour les personnes en situation de handicap. Travailler avec un acteur comme l’AGEFIPH va nous permettre de poursuivre l’accessibilité de nos programmes, d’accompagner davantage de personnes en situation de handicap et, nous l’espérons, de faire plus globalement bouger les lignes en matière d’inclusion et de numérique. C’est une nécessité pour notre pays. Faire en sorte que les emplois d’avenir concernent tous les français, peu importe leurs différences ».
Pour cela, le Centre d’expertise et de ressources nouvelles technologiques et communication souhaite faciliter cette inclusion via la formation, le développement et l’utilisation d’outils numériques adaptés tels que :
- L’absence de téléphone,
- L’utilisation de casques à réduction de bruit,
- L’accompagnement psychologique des personnes le nécessitant,
- Des logiciels adaptés qui aident à la lecture et à l’écrit comme des dispositifs de correction automatique ou de dictée vocale,
- Des lampes à lumière pulsée atténuant l’effet miroir dont souffrent les dyslexiques, pour rendre la lecture plus facile et rapide.
De plus, pour aider à l’installation et/ou achats de toutes ces solutions, des aides sont octroyées aux entreprises de secteur privé après l’aménagement du poste de travail de la personne (en situation de handicap) recrutée. L’employeur peut en faire la demande auprès de l’Agefiph.
Le secteur numérique est un secteur en plein essor où les besoins en termes de recrutement sont énormes. On y embauche 2 fois plus que les autres secteurs.
Pourtant, des écarts entre les offres et les candidatures subsistent. On dépeint un manque de personnes qualifiées d’un côté, mais du côté des personnes marginalisées, on identifie aussi un important manque d’inclusion dans les processus de recrutement. Les personnes porteuses de handicap sont très peu présentes dans les filières numériques, et ce, pour plusieurs raisons :
- Les préjugés sont ancrés dès la formation ;
- Les recrutements manquent d’inclusion ;
- Il y a une méconnaissance des softskills propre à chaque situation de handicap ;
- Les règles salariales sont inadaptées.
En parlant de softskills, plusieurs études et retours d’expérience présentent les personnes neuro-atypiques comme étant parmi les personnes les plus pertinentes à travailler dans les filières informatiques. À condition que des aménagements soient réalisés pour respecter leur situation !
Pour adapter les métiers, des solutions simples existent comme :
- L’adaptation de l’espace de travail ;
- L’adaptation des outils de communication ;
- L’adaptation des logiciels ;
- La mise en place d’un accompagnement lorsque le handicap le nécessite
*L’Agefiph est l’association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées chargée de soutenir le développement de l’emploi des personnes handicapées.
** Ce terme définit un fonctionnement cognitif qui diffère de la norme. Le terme rassemble aussi bien les TSA (troubles du spectre de l’autisme, qui incluent le syndrome d’Asperger) et les troubles « DYS » (dyslexie, dysphrasie, dysdcalulie, dysorthographique, etc.).
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