Les stages Girls Can Code pour sensibiliser les jeunes filles à la Tech
Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».
Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her
En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :
- Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School
- Aurore Pavan, Fondatrice de l’Agence Les Codeuses
- Flore Egnell, Déléguée Générale chez Willa
- Clarisse Blanco et Mélanie Tchéou, Membres de Girls Can Code
- L’équipe Motiv’Her
Découvrez l'interview de Mélanie Tchéou et Clarisse Blanco, membres de l’association Prologin, à l'initiative des stages Girl can Code!
Les stages Girls Can Code! sont des programmes qui visent à promouvoir la mixité dans le numérique, en initiant les collégiennes et lycéennes aux disciplines informatiques.
#1 Pouvez-vous présenter votre association ?
Prologin est une association fondée en 1992, portée par des étudiants. Elle est à l'origine du concours national d'informatique du même nom. Il s’agit d’un concours de programmation et d'algorithmique, gratuit et ouvert à tous les jeunes francophones de moins de 21 ans.
Depuis 2014, Prologin s’engage pour promouvoir la mixité dans le domaine du numérique. Pour cela, l'association organise les stages Girls Can Code : stages gratuits, d'initiation à la à l'informatique destinés aux collégiennes et lycéennes. Nous accueillons chaque année des dizaines de jeunes filles qui souhaitent découvrir ou s'améliorer en programmation.
#2 Pourquoi avoir créé un stage d’informatique pour jeunes filles ?
Cette initiative, qui a vu le jour en 2014, part du constat que les femmes sont sous-représentées dans le numérique. Pour y remédier, Prologin organise des stages, sur une semaine ou pendant un week-end, pour permettre aux collégiennes et aux lycéennes de découvrir la programmation. Ces stages se déroulaient initialement seulement à Paris, mais sont maintenant aussi organisés dans différentes régions françaises. Au cours de ces sessions, des femmes travaillant dans le numérique viennent présenter leur métier et parler de leur parcours. En plus d’une pure initiation au code, nous organisons des ateliers découverte : l’informatique ce n’est pas que la programmation !
L’objectif de Girls Can Code! est de leur faire prendre conscience qu’elles peuvent tout à fait y faire carrière et que ce n’est pas un secteur réservé aux hommes.
#3 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans ce milieu ?
Le monde de l'informatique est très fortement masculin. En effet, on a tendance à associer les métiers du numérique aux hommes, ce qui laisse facilement la place aux stéréotypes et idées reçues, comme le fait qu'il s'agirait d'un métier pour les hommes, ou que les femmes seraient moins compétentes que les hommes.
Ces idées reçues facilitent aussi l’installation du sexisme ordinaire, ce qui peut en décourager plus d'une, ou au moins générer des difficultés pour certaines femmes à se faire respecter et/ou s'imposer.
Déjà en minorité dans l’informatique, les femmes sont également peu représentées dans ce domaine à travers les médias et la télévision. Nous n’avons donc à notre disposition, que trop peu de role models dont on peut s’inspirer et auxquelles s’identifier. Ce manque est aussi un vecteur qui peut amener plus facilement les femmes à s’interroger sur leurs compétences et leur légitimité dans ce secteur composé à majorité d’hommes. Cette remise en question permanente peut alors mener au syndrome de l’imposteur.
#4 Comment préparez-vous les jeunes filles que vous formez à entrer dans un milieu professionnel majoritairement composé d'hommes ?
L’association ne vise pas à former les jeunes filles à entrer dans un milieu professionnel composé majoritairement d’hommes. Le but des stages Girls Can Code! est plutôt d’initier les collégiennes et lycéennes à l’informatique et au code, à lutter contre les stéréotypes associés à notre discipline et à promouvoir la mixité dans ce milieu professionnel.
#5 Quels conseils donneriez-vous à une entreprise souhaitant recruter plus de talents féminins ?
Tout d’abord, nous tenons à préciser que nous sommes étudiantes et que nous n’avons pas forcément beaucoup d’expérience dans le monde du travail, hormis des stages. Pour cette question, nous nous appuyons donc sur notre expérience et ce que nous avons pu observer dans notre entourage.
Les femmes sont sous-représentées dans l’informatique en grande partie car elles pensent que ces études et ces métiers ne sont pas faits pour elles, mais aussi, en raison du manque cruel d’informations. Sensibiliser les plus jeunes à ce sujet, en menant, ou même supportant des actions visant à promouvoir l’informatique, peut permettre d’augmenter la part des femmes dans cette discipline. C’est déjà ce que font certaines entreprises qui soutiennent Prologin et ses actions à travers les stages Girls Can Code!
Ces initiatives ont tendance à viser un public plus jeune, mais certaines femmes en milieu voire même fin de carrière peuvent également se rendre compte que l’informatique est un domaine qui les intéresse, et décider de se lancer dans une reconversion professionnelle. Les entreprises pourraient les aider dans cette démarche, ce qui serait très encourageant pour elles et pourrait même pousser celles qui hésitent encore à se lancer.
Les entreprises peuvent également chercher à rendre l’environnement et l'ambiance de travail agréables et non-toxiques pour les femmes. Des sensibilisations auprès des employés pourraient participer à améliorer ce point.
Plus encore, le gender washing à outrance, présent dans certaines entreprises peut décourager des femmes à postuler et ainsi avoir l’effet inverse. Par exemple, lorsque cet engagement pour l’égalité des genres est plutôt utilisé à des fins de marketing pour se donner une bonne image et qu’en interne, cet engagement ne se poursuit pas forcément. Il paraît donc important de trouver un équilibre.
#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le harcèlement et la discrimination ?
De notre point de vue d’étudiantes, il nous est difficile de donner beaucoup d’idées concrètes, mais la plus évidente et la plus simple reste la sensibilisation. Sensibiliser les employés à ces thématiques nous paraît être la première étape dans la lutte contre le harcèlement et la discrimination, et cela n’est pas valable que contre le sexisme, mais aussi le racisme et autres formes de discrimination. Cela permettrait dans un premier temps à ceux qui ne se rendaient pas compte de la situation d’y être plus attentifs, et peut-être même les pousser à réagir aux actes discriminatoires et/ou de harcèlement. Dans un second temps, la sensibilisation pourrait en pousser d’autres à agir et mener par eux-mêmes des actions de ce type. Cela est d’autant plus efficace que la nouvelle génération tend à être plus engagée dans ce genre de démarches.
Une autre mesure pourrait être la mise en place de référents mixité dans les entreprises. Ce seraient des personnes qui auraient un rôle d’écoute auprès des personnes touchées par des actes de discriminations et de harcèlement, mais également qui seraient chargées de remonter ces problèmes à leur direction.
L’idée générale est de ne pas rester passif face à ce genre de comportements, en réagissant lorsque l’on en est témoin, et l’idéal serait d’être proactif pour prévenir ces actes, à l’aide de mesures de prévention comme décrit plus tôt.
Willa, l'association qui donne aux femmes le pouvoir d'entreprendre
Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».
Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l’inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv’Her
En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :
- Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School
- Aurore Pavan, Fondatrice de l’Agence Les Codeuses
- Flore Egnell, Déléguée Générale chez Willa
- Clarisse Blanco et Mélanie Tchéou, Membres de Girls Can Code
- L’équipe Motiv’Her
Découvrez l’interview de Flore Egnell, Déléguée Générale de Willa
Willa est un accélérateur d’entreprise qui oeuvre à plus de diversité et d’inclusivité dans les écosystèmes startup. Chaque année, l’équipe Willa accompagne des entrepreneur-e-s à lancer, accélérer ou développer leurs projets. L’ensemble de leurs programmes sont réservés aux projets qui ont au moins 1 femme dans leur équipe dirigeante, avec un réel rôle de décisionnaire.
#1 Pouvez-vous présenter Willa et ses actions ?
Willa œuvre depuis 16 ans pour accélérer la mixité dans l’entrepreneuriat en donnant aux femmes le pouvoir d’entreprendre. L’association accompagne plus de 70 startups fondées ou co-fondées par une femme par an et plus de 200 femmes via des bootcamps pour passer de l’idée à l’action par an. Nous avons ainsi plusieurs champs d’actions :
1. Accompagnement avec des programmes d’accompagnement pour des projets de la phase de l’idée jusqu’aux 3 premières années d’activité ;
2. Sensibilisation avec des plaidoyers et des événements de sensibilisation aux côtés de partenaires engagés et de collectivités locales impliquées dans les sujets d’inclusion et de diversité ;
3. Création et mise en lumière de rôles modèles accessibles avec la mise en avant d’entrepreneures et de startups fondées ou co-fondées par des femmes, dans les médias et événements de l’écosystème ;
4. Vulgarisation et démocratisation des codes l’entrepreneuriat avec des ateliers ouverts à tou.te.s et des événements pour donner à toutes les clés pour entreprendre et encourager les femmes de tous les horizons à se lancer ;
5. Déconstruction de biais de genre et de clichés sur l’entrepreneuriat, au travers de l’ensemble de ces actions.
#2 Pourquoi avoir créé Willa ?
Pour accélérer la mixité et la diversité dans le secteur de l’innovation et la Tech. L’association a été créée en 2005 pour lutter contre les biais de genre profondément ancrés dans la société et réduire les inégalités liées au genre dans l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, WILLA élargit le spectre de ses actions et souhaite faire émerger de nouveaux profils pour créer et façonner le monde de demain : des femmes de tout âge et de tout horizons, pour refléter la société d’aujourd’hui et créer celle de demain.
#3 Bien qu’on fasse complètement partie de l’histoire de l’informatique, qu’est-ce qui fait qu’on soit aujourd’hui si peu de femmes dans ce secteur ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer le manque de représentation des femmes dans le secteur de l’informatique :
1. La minimisation de la participation des femmes aux découvertes scientifiques et avancées dans le secteur de l’informatique, qui a conduit à un cruel manque de rôles modèles : les femmes ne s’identifient plus naturellement à ce secteur ;
2. Les biais de genre conscients et inconscients structurellement intégrés depuis l’enfance : les femmes doivent s’orienter vers des sciences douces (dites molles) et les hommes vers des sciences dures, comme l’informatique. Peu de femmes dans ces secteurs en font un milieu « hostile » pour les femmes ;
3. Un sexisme et une discrimination davantage présents dans ces secteurs, les rendant moins accessibles et attractifs pour les femmes.
#4 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans leur parcours ?
Comme les hommes, les femmes se heurtent aux attentes liées à leur genre, qui malheureusement deviennent plus souvent des difficultés que pour leurs homologues masculins.
1. Le sexisme et les discriminations liées au genre, le harcèlement : altération de la confiance en soi, syndrome de l’imposteur, dépense d’une énergie à affirmer leur légitimité, qui pourrait être investie dans leur projet de carrière ;
2. La dévalorisation financière de leur travail, manque de confiance en leur compétences, plafond de verre, difficultés à lever des fonds… ;
3. La maternité : difficultés physiques et organisation du temps, idées reçues de l’entourage et pression sociale.
#5 Selon vous, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour motiver davantage les femmes à rejoindre des filières Tech et à y rester ?
Il faut inspirer et donner de la motivation aux femmes qui souhaitent s’engager dans ces filières, car elles y ont tout à fait leur place. Il ne faut plus minimiser leur présence dans ces secteurs et il faut valoriser le travail des femmes dans la tech, pour créer des rôles modèles inspirants pour les générations en poste et celles à venir.
Pour changer les choses profondément, il faut donner envie aux jeunes filles et jeunes femmes de se saisir des enjeux de la tech dès le secondaire. Cela passe par l’éducation dès la petite enfance, puis par une sensibilisation dès l’enseignement primaire et et encore davantage encore au moment de leur choix d’orientation dans le secondaire.
#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le sexisme ?
La première choses qu’elles peuvent faire, c’est mesurer le degré de diversité et de mixité de leurs équipes, pour en analyser ensuite les potentielles retombées. L’état des lieux, c’est la première étape pour prendre conscience des enjeux de mixité et mettre en place une politique inclusive adaptée, en matière de recrutement notamment.
Elles peuvent ensuite mettre en place un recrutement inclusif : fixer des quotas à l’embauche, avoir des fiches de poste et une diffusion inclusives dans les termes utilisés dans la rédaction et les représentations sur les photos, définir un processus inclusif de recrutement… Par exemple, veiller à ce que les candidat.e.s rencontrent autant d’hommes que de femmes aux différentes étapes de recrutement.
Enfin, une fois les équipes en poste, il est important de favoriser l’égalité au sein des équipes avec des barèmes sur les salaires, des actions de sensibilisation et formation des équipes et la valorisation de rôles modèles et de bonnes pratiques.