Pourquoi faut-il faire attention à la surestimation de son potentiel numérique ?

La surestimation du potentiel numérique est un phénomène courant, qui peut survenir à la mise en place d’un nouveau projet informatique.

Cette surestimation se décline en trois principes :

  • La surestimation des effectifs ;
  • La surestimation des compétences ;
  • La surestimation de l’environnement technique.

Attention ! Nous ne parlons pas ici de « surestimation » au sens, « votre organisation est plus mauvaise que vous le pensez », pas du tout. L’idée de cet article est de vous sensibiliser à l’importance d’évaluer correctement les manques et les prérequis de votre organisation, avant de mettre en place un nouveau projet informatique.

On ne le dit jamais assez. Un nouveau logiciel, appli, système, ne solutionne pas les problèmes de fond, il les exacerbe ! C’est pour cela qu’il est important de prendre du recul à chaque nouveau projet et d’y intégrer toutes les personnes concernées.

Alors, comment savoir si on surestime le potentiel numérique de son organisation ? Quels sont les effets ? Comment y pallier ?

#1 Comment se décline la surestimation du potentiel numérique ?

Il y a 3 périmètres à prendre en compte :

  • Les effectifs ;
  • Les compétences ;
  • L’environnement technique.
Qu’est-ce qu’on surestime concernant les effectifs ?    
A. Le nombre de personne réellement disponibles pour travailler sur le projet

Le facteur de surestimation ?
o Voir des disponibilités dans les plannings des équipes et ne pas confirmer auprès d’elles qu’il s’agit d’une réelle disponibilité

o Des problématiques de priorisation du côté des équipes qui pensent être disponibles mais n’ont pas vérifié en amont si elles l’étaient vraiment

Les effets ?
o Du retard qui s’accumule entre les projets en cours, déjà en retard et à venir

o Une surcharge

o Des doublons, des conflits de planning

  B. La capacité de ces personnes à prendre en charge un nouveau projet

Le facteur de surestimation ?
o Ne pas prendre le temps d’évaluer le reste à faire des projets déjà en cours ou en retard

o Ne pas tenir compte d’une potentialité d’imprévu

Les effets ?
o Du côté des équipes techniques, une mise en place parfois bâclée, qui peut mener à une régression des technologies à la prochaine mise à jour

o Une mise en place, sans documentation, ni accompagnement

o Du côté des équipes métier, une mauvaise prise en main des outils, qui génèrent une surcharge et/ou des erreurs de saisie

C. Le nombre de personne nécessaire pour travailler sur le projet

Le facteur de surestimation ?
o Recruter ou externaliser, en cas de problématique de planning ou d’organisation, plutôt que de réévaluer les charges de travail
– OU –
o Manque de moyens et/ou de professionnel•les disponibles (pour ce sujet-là, nous n’avons pas vraiment de solutions, mais il doit quand même être pris en compte)

Les effets ?
o Des surcoûts
o Un fort turn-over
o Des retards
o Désengagement des équipes

Qu’est-ce qu’on surestime concernant les compétences ?  
La maîtrise réelle des technologies qui vont être mises en place

Le facteur de surestimation ?
o Ne pas valider auprès des équipes techniques leur niveau de compétences, ni le temps qu’il leurs faudra pour monter en compétences

o Ne pas avoir passé en revue les compétences requises pour aboutir le projet

o Ne pas valider auprès des équipes métier qu’elles savent utiliser la solution qui va être mise en place, ni si elles ont besoin d’un accompagnement

Les effets ?
o Frustration des équipes
o Rétention d’informations
o Surcharge des équipes

 
Qu’est-ce qu’on surestime concernant l’environnement technique ?
o La compatibilité avec l’existant
o La fiabilité de son système d’information
o La capacité à maintenir un nouveau projet dans le temps
o L’ancienneté de son environnement

Le facteur de surestimation ?
Pour tous ces points, le facteur de surestimation, c’est le manque ou la trop brève évaluation de l’existant technique

Les effets ?
o Coûts imprévus
o Perte de données
o Régression
o Pannes
o Failles de sécurité

#2 Comment pallier ces différentes situations ?

A. Pour la surestimation des effectifs

  • Avant de positionner les équipes, passer en revue les projets en cours et en retard
  • Définir les plannings de manière collaborative, en tenant toujours des projets inachevés
  • Valider régulièrement, auprès des équipes, que les niveaux de priorisation restent cohérents et réalisables
  • Ne pas hésiter à mettre des sujets en pause ou à reporter des échéances, s’il n’y a pas d’autres alternatives

B. Pour la surestimation des compétences

  • Passer en revue les compétences requises pour mettre en place un nouveau projet informatique, des équipes techniques, jusqu’aux utilisateurs finaux
  • Valider la capacité de chaque partie prenante à comprendre et prendre en main les tâches qui vont leur être assignées
  • Anticiper et bloquer du temps pour que les parties prenantes puissent monter en compétences, si la solution le requiert
  • Anticiper et bloquer du temps pour accompagner les utilisateurs finaux

C. Pour la surestimation de l’environnement technique

  • Évaluer sa dette technique
  • Définir des critères de compatibilité et de sécurité
  • Réaliser des mises à jour
  • Réaliser des tests de manière systématique et structuré
  • Réaliser des sauvegardes régulières
  • Définir un plan de maintenance et des modalités de support
  • Communiquer régulièrement sur l’arrivée d’une nouvelle solution et les imprévus éventuels : indisponibilité, coupure de connexion, perte de données…

 


Comment vulgariser les jargons informatiques en entreprise ?

Comprendre le vocabulaire IT a été pour moi, lors de ma prise de poste, un réel objectif et défi à relever. Je me suis rendu compte rapidement que ma méconnaissance de ce domaine, de ce milieu, m’empêchait d’appréhender facilement mes tâches, même les plus anodines. Entre le jargon technique utilisé par mon équipe, et le langage technique du secteur informatique en général, j’ai réalisé qu’il me fallait intégrer un nouveau vocabulaire, comme une nouvelle langue, tant pour la communication interne que pour mon travail de chargée de communication externe.

            En effectuant des recherches, je me suis aperçue que la problématique d’assimilation du vocabulaire, dans l’IT, était certes connue, mais rarement traité. L’utilisation d’un même vocabulaire est pourtant nécessaire pour que les équipes travaillent ensemble. Au sein de l'agence, avec mes responsables, créer un glossaire des mots qui m’étaient inconnus, s'est avéré être la solution la plus pertinente pour y remédier.

 À partir de mes recherches et de mon expérience d'intégration, je vais vous partager dans cet article, les solutions que j’ai testé et approuvé pour mieux vulgariser le jargon informatique.

#1 – Pourquoi faut-il créer un jargon technique commun ?

Il y a plusieurs situations de travail où se comprendre est indispensable pour le bon déroulement d’un projet, d’une présentation, ou d’un environnement de travail serein. Par exemple, il est probable que le service comptabilité ne comprenne certains termes du jargon IT. Ce qui peut poser un problème quand iels souhaitent remonter des problèmes techniques ou appréhender de nouveaux logiciels.

Par ailleurs, certains anglicismes, très présents dans l’informatique, peuvent être porteurs de mauvaise compréhension, surtout quand l’équivalent en français existe ou qu’il s’agit d’un mot inventé dans le cadre d’un projet.

Dès la prise de poste, une bonne compréhension du jargon de l’entreprise permet aux nouveaux salarié•es de mieux comprendre son environnement de travail, les orientations de son poste, savoir quand et comment poser des questions, mais surtout comment remonter correctement des informations.

Les effets d’une mauvaise compréhension des mots ont plusieurs effets :

  • L’accumulation de retard, dû aux allers-retours générés par les incompréhensions ;
  • Le désengagement des équipes, par fatigue des mots complexes ;
  • Le mauvais ciblage des recrutements, par incompréhension des fiches de poste, qui peut se répercuter sur l’intégration ;
  • Le développement de travail invisible, à savoir passer plus de temps à comprendre ce qu’on nous dit, plutôt qu’à réaliser ses tâches ;
  • La perte de cohésion, entre les initiés et les apprenants…

Il s’agit alors d’aller au plus simple pour que tout le monde puisse se comprendre. La solution : la vulgarisation systématique des termes techniques, ou la co-création d’un jargon commun. Deux solutions sont possibles : désigner des référent•es pour traduire les termes ou mettre en place une démarche collective de vulgarisation.

#2 – Faciliter les questions

  • En réunions

Pour éviter les hors sujets, les réunions peuvent être un moment propice pour valider une compréhension commune des enjeux techniques. Pour cela, le plus simple est d’accorder un temps de questions-réponses et de permettre d’échanger avec un•e référent•e, lorsqu’interviennent des termes inconnus. Cela permet d’appréhender sereinement le reste des échanges, et de ne pas prendre le risque de clôturer la réunion sur une incompréhension.

  • Dans les échanges quotidiens

Lors d’une prise de poste notamment, il vaut mieux vérifier régulièrement qu’un terme technique signifie la même chose pour tout le monde.

En effet, Erwan Moyon, ingénieur informatique témoigne : « Il y a une réelle nécessité de reformuler régulièrement ce que je dis, avec du vocabulaire basique, pour que le métier puisse bien comprendre la situation et les enjeux des équipes IT. Même pour les équipes IT entre elles, on n’utilise pas forcément les mêmes mots pour les mêmes outils : la marque du logiciel, le fonctionnement, etc. Au fil des expériences, je me rends compte qu’un quiproquo sur deux, vient d’un décalage de définition. Depuis plusieurs années, j’appréhende mes missions en prenant le temps de formaliser le jargon de chacun, pour savoir quel vocabulaire utilisé avec qui. Cela favorise une compréhension plus rapide des besoins, des incidents, etc. ».

  • Dans l’élaboration des consignes de travail

Lors d’une prise de poste :

Pour la recrue, il est essentiel qu’elle prenne le temps de consulter la documentation des processus, lorsqu’elle est documentée. Si ce n’est pas le cas, cela devrait être remonté aux managers, et enclencher des échanges pour bien les comprendre.   

Pour l’employeur, il est important de vérifier que les consignes données ont été bien comprise : soit en pointant la documentation, soit en prenant le temps de reformuler son propre vocabulaire. Prendre ce temps à cette étape évitera d’en perdre plus tard.

Lors de la répartition des tâches :

Pour le donneur d’ordre, vulgariser les tâches restent un travail constant, pour éviter d’avoir à reprendre le travail des équipes et limiter les conflits. Pour Fen Rakotomalala, consultante informatique, il faut « systématiquement demander si les tâches sont comprises […] Dans mon cas, c’est au moment des Sprint Meeting et Sprint Review. Je crée les tâches de mon côté, puis je bloque toujours un temps pour demander à mes équipes si mes tickets sont clairs. Si oui, je garde la structure et les termes utilisés, si non je les reformule, d’après ce qu’iels comprennent.».

Lors de la définition des process :

La définition de process commun peut contribuer à la formalisation d'un jargon commun. Pour ce faire, on peut procéder de manière collaborative. Plusieurs questions se posent alors pour co-construire ces process : Qu’est-ce qui est documenté ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Quelles tâches sont systématiquement incomprises ? Quel est le meilleur support de mutualisation à utiliser, en fonction de la maturité digitale de chacun ?

#3 – Créer et alimenter un glossaire commun

« Le devoir d'un développeur est de vulgariser son travail de manière à le rendre compréhensible pour tous, mais ce n'est pas toujours chose aisée. » témoigne Nicolas BRONDIN-BERNARD, ingénieur indépendant. Pour cela, quoi de plus simple et d’universel, qu’un glossaire commun ! Il s’agit de répertorier et de noter tous les mots incompris, ou considérés comme complexes, puis de les classer idéalement par thématique et ordre alphabétique.

On peut agrémenter le glossaire d’un canal de communication commun, pour remonter de nouveaux mots à définir, et pour le maintenir à jour si certains mots viennent à évoluer.

Ces définitions peuvent ensuite faire l’objet d’une communication interne régulière. Ainsi, chaque personne peut s’y tourner dès qu’un mot lui paraît obscure. Chaque personne peut aussi s’y référer, avant de remonter une information, pour valider qu’elle l'a formulé correctement. Dans le cadre d’une prise de poste, le glossaire peut également être intégré au Kit de bienvenue.

Le glossaire peut être rédigé de différentes manières :

  • De manière collaborative :
    • Vous pouvez organiser un atelier avec les équipes informatiques et leurs interlocuteurs, afin que chacun formalise les mots incompris, leurs définitions, leur classification et le format de diffusion du glossaire ;
    • Vous pouvez mettre en place un espace d’échange permanent où les moins initiés peuvent librement demander une définition, puis les experts répondent ;
    • En amont de chaque projet informatique, vous pouvez aussi rassembler les parties prenantes, pour qu’elles définissent ensemble le jargon qui sera employé au cours du projet.
  • De manière unique :

Une personne peut être nommée responsable de ce glossaire. Les équipes lui remontent alors les mots à définir. Ensuite, soit elle les connait et les définie, soit elle demande au service concerné de les traduire. Ce sera à elle de les rentrer dans le document prévu comme glossaire.

En fonction de la demande, cette mise à jour peut être mensuelle ou trimestrielle. C’est à votre entreprise de définir la récurrence de cette tâche.

  • Sur quelle plateforme ?

Afin que le glossaire soit utilisé, il est essentiel de le diffuser via un format qui puisse être facilement mis à jour et diffusé à l’ensemble de l’entreprise :

  • Un intranet via des solutions type Sharepoint ou Notion : dans un onglet accessible à tous, prévoir une page partagée, où les mots incompris sont définis et classés par section
  •  Un drive commun : possibilité de créer un dossier où chaque fichier est géré par un pôle métier différent. De cette façon, chaque pôle est responsable de la vulgarisation des termes, qui posent des incompréhensions aux équipes avec lesquelles ils interagissent
  • Une newsletter ponctuelle : avec un format ludique, une newsletter peut permettre d’informer sur un rythme régulier les définitions du moment, leur évolution, leur champ d’exploitation…
  • Des vidéos : si vous en avez les moyens techniques et financiers, animer les définitions en vidéos, en les classant par thème, par métier, peuvent permettre de mieux schématiser un processus, une technologie, une méthode…

#4 – Pour aller plus loin.

Vous pouvez consulter notre manière de décrypter et de rendre plus accessible des mots purement techniques au grand public.

#CoolLeMot : C'est quoi un Algorithme ? Cliquer ici 

#CoolLeMot : C'est quoi la Blockchain ? Cliquer ici

#CoolLeMot : C’est quoi un Malware ? Cliquer ici

 

 

Chaque secteur a un jargon qui lui est propre. Pour pouvoir travailler simplement, sans quiproquo, le mieux est d’utiliser les mêmes termes, pour les mêmes usages. Lorsque la communication est difficile, cela peut avoir plus effets sur les équipes :

  • Des conflits à la suite d’une frustration liée à l’incompréhension
  • La rétention d’informations ou un mauvais timing de remontée d’informations ;
  • Des retards dans le déroulement d’un projet.

Pour impliquer toutes les équipes dans la vulgarisation du jargon informatique, un glossaire des termes purement techniques, régulièrement mis à jour, peut contribuer à limiter les quiproquos.

Pour cela, plusieurs solutions possibles :

  • Faciliter les échanges autour des jargons informatiques ;
  •  Privilégier des démarches collaboratives dans la définition de process, répartition des tâches…
  •  Définir un glossaire commun et le diffuser sur des supports ciblés en fonction des activités qui gravitent autour des projets informatiques.

Même avec un glossaire, il est important de veiller régulièrement à ce que toutes les informations partagées, au cours d’un projet informatiques, soient comprises par tous : les équipes IT entre elles, de l’IT au Métier mais aussi du Métier à la direction.

Si elle n'a pas de bagage informatique, ce n’est pas forcément à l’équipe de communication de se charger de reformuler les termes techniques. L’équipe de communication a un rôle de centralisation, mais aura toujours besoin des équipes IT pour le contenu, des équipes métier pour évaluer leur pertinence. D’où l’importance que tout le monde soit bien formé et sensibilisé aux jargons informatiques.


Transformation digitale : quels sont les impacts de la surcharge d’outils ?

« On ne pourrait pas trouver un outil pour ça ? » Qu’il s’agisse de sujets RH, IT, commerciaux ou managériaux, on vient à poser cette question pour combler un manque ou pour gagner en efficacité. Au prime abord, cette question peut paraître sans risque.

Cependant, à force de la répéter, on peut frôler alors le « solutionnisme technologique »[1]. Cette idéologie sociale, véritable biais de notre ère numérique, transforme chaque problème en sujet technique, auquel on apporte une solution technique, même quand le problème n’a pas été pleinement adressé aux personnes concernées. En d’autres termes, à force mettre en place logiciel sur logiciel, application sur application, on en oublie les problèmes de fond.

Un outil est un moyen de résoudre des problèmes, mais il n’est jamais une solution « miracle ». Alors quels sont les impacts de la surcharge d’outils sur l’entreprise ? Comment éviter d'installer trop d'outils ?

#1 - Les impacts sur l’Humain

Derrière chaque nouvel outil, il peut y avoir 2 types de besoin

  • Le Besoin Interne, remonté par le Métier ou le Management
  • Le Besoin Externe, remonté par le Client ou le Commercial ou le Marketing

…Et plusieurs parties prenantes :

  • La direction et le management
  • La chefferie de projet
  • Les équipes techniques
  • Les équipes métier
  • Les ressources externes

Quels sont les impacts de la surcharge d’outils sur ces personnes ?

  • Le rejet et le désengagement
  • La perte de cohésion
  • Des difficultés à maintenir l’activité opérationnelle
  • Le cloisonnement
  • L’augmentation de risques psychosociaux

À quel moment, on se risque à imposer une surcharge ?

  • Quand on ne prend pas le temps de questionner le besoin en fonction de l’émetteur
  • Quand on n’étudie pas le temps, ni la capacité des utilisateurs finaux à prendre en main le nouvel outil
  • Quand on traite toutes les demandes comme un besoin général

Pour éviter la surcharge, il y a plusieurs questions à se poser en amont de chaque lancement d’outil :

  • Qui sont les personnes concernées par l’outil : les décisionnaires, les sponsors, les ambassadeurs, les référents techniques, les référents métiers et surtout les utilisateurs finaux ?
  • Depuis combien de temps est-ce que le besoin a été émis ?
  • Le besoin qui a été remonté est-il un besoin général ou un cas particulier ?
  • Le problème à résoudre soulève-t-il des sujets de fonds : défaut d’organisation, conflits, manque de compétences en interne, manque de moyens… ?
  • Avez-vous suffisamment de personnes qualifiées pour mettre en place l’outil de bout en bout ?
  • Les utilisateurs finaux ont-ils été sollicités dans la validation du besoin ?
  • Les utilisateurs finaux ont-ils le niveau de compétences suffisant pour utiliser l’outil ?
  • Des dispositifs d’accompagnement et/ou d’acculturation sont-ils à prévoir ?

Qu’est-ce que ces questionnements vont apporter ?

  • Une structuration complète d’un cahier des charges fonctionnel
  • La validation d’une solution technique ou d’une solution managériale
  • Une conduite du changement anticipée
  • La réduction des frictions aux changements
  • La réduction des risques psychosociaux

#2 - Les impacts sur l’Organisation

Dans le cadre de la mise en place d’un nouvel outil, il y a plusieurs sujets organisationnels à soulever :

  • Les objectifs associés à la mise en place de l’outil et leur suivi
  • Les moyens de suivi des avancées
  • Le planning global et sa répartition de temps
  • Les disponibilités des équipes
  • Les contrats et les coûts financiers

Quels sont les impacts de la surcharge d’outils sur l’organisation ?

  • Le cloisonnement
  • Les retards
  • La perte de visibilité sur les avancées
  • La perte de visibilité sur les dépenses et les surcoûts
  • La multiplication des contrats et/ou les litiges fournisseurs
  • Le manque de fluidité dans la communication interne voire une absence de communication interne

À quel moment, on se risque à surcharger l’organisation ?

  • Quand on n’a pas clarifié et formalisé les objectifs associés à l’outil
  • Quand on n’a pas défini de suivi de projet : moyens de suivi, communication interne, critères de réussite, points d’attention, gouvernance, rôle…
  • Quand on n’a pas planifié les actions de mise en place
  • Quand on n’a pas estimé avec les équipes concernées le temps nécessaire pour aboutir chaque action
  • Quand on n’a pas validé les disponibilités des équipes
  • Quand on n’a pas analysé le référentiel d’outils existant
  • Quand on n’a pas passé en revue les contrats fournisseurs actuels

Pour l’éviter, il y a plusieurs questions à se poser en amont de chaque lancement d’outil :

  • Qu’est-ce que vous attendez du nouvel outil ?
  • Avez-vous un budget clair ? Savez-vous réaliser un budget pour un projet informatique ?
  • Comment allez-vous suivre et communiquer sur les avancées de la mise en place ?
  • Quelles sont les échéances du projet ? Un planning a-t-il été fait ?
  • Combien de temps faut-il aux équipes, aux fournisseurs pour délivrer leurs tâches ?
  • Les équipes ont-elles d’autres projets en parallèle ? Sont-elles disponibles ?
  • A-t-on déjà un outil similaire ? Qu’est-ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas avec cet outil ?
  • A-t-on des contrats à résilier ? Quels sont les délais ? Les coûts de résiliation ?

Qu’est-ce que ces questionnements vont apporter ?

  • Une structuration de la gestion de projet : planning, charges, coûts, gouvernance…
  • La définition de la stratégie de communication interne
  • Des équipes peu voire pas immobilisées pour leurs autres activités
  • Une orientation projet plus cohérente : maintien de la mise en place d’un nouvel outil ou commande de développement spécifique pour un outil existant ou amélioration de l’existant
  • Un budget plus maîtrisé, plus transparent
  • Une maîtrise des coûts : pas de doublon, pas de litige de contrat, des délais de résiliation anticipés…

#3 - Les impacts techniques

L’environnement technique de l’entreprise regroupe plusieurs périmètres :

  • L’équipe technique
  • Le matériel informatique et/ou le système d’information
  • Les logiciels existants et la gestion des données
  • La maintenance

Quels sont les impacts de la surcharge d’outils sur l’environnement technique ?

  • Des retards
  • Augmentation de la dette technique
  • Incompatibilité des logiciels et/ou du système d’information
  • Perte de visibilité sur l’inventaire des logiciels existants
  • Augmentation des risques de sécurité
  • Perte de données
  • Surcoût de maintenance et de support

À quel moment, on se risque à surcharger l’environnement technique ?

  • Quand on multiplie les anciennes versions de logiciel ou d’application
  • Quand on choisit un outil sans valider s’il est compatible avec l’existant
  • Quand on ne tient pas à un jour son inventaire d’outils
  • Quand on n’intègre pas de critères de sécurité dans le choix et le paramétrage de l’outil
  • Quand on n’intègre pas suffisamment les équipes techniques dans les études de faisabilité et/ou analyse de risque
  • Quand on n’intègre pas suffisamment les équipes techniques dans l’estimation des temps
  • Quand on n’a pas de référentiel de données ni de programmes de reprise de données
  • Quand on n’a pas anticipé les charges de maintenance (temps et coût) ou qu’on a omis la maintenance

Pour l’éviter, il y a plusieurs questions à se poser en amont de chaque lancement d’outil :

  • Les équipes techniques sont-elles disponibles ?
  • Les technologies requises sont-elles maîtrisées ?
  • Quels sont les outils existants ? En avons-nous besoin pour le nouvel outil ?
  • Les outils existants sont-ils tous à jour ?
  • Est-ce que l’outil choisi est compatible avec les outils existants ?
  • La mise en place d’un nouvel outil nécessite-t-elle une montée en version ?
  • Quel est le niveau de sécurité du nouvel outil ?
  • Quelles sont les contraintes de sécurité à appliquer au nouvel outil ?
  • Quelles sont les données à intégrer dans le nouvel outil ? Où sont ces données ? Qui est en mesure de les intégrer ?
  • A-t-on prévu le support du nouvel outil ?
  • Des évolutions sont-elles à prévoir ?
  • La maintenance a-t-elle été intégrée au budget ?

Qu’est-ce que ces questionnements vont apporter ?

  • Un cahier des charges technique réaliste
  • Un planning de mise en œuvre détaillé
  • La validation technique de l’outil
  • La mise en place de bonnes pratiques de sécurité
  • Le maintien de la continuité d’activité
  • La maîtrise des coûts

 

Un trop grand nombre d’outils, loin de valoriser le caractère innovant d’une organisation, surcharge surtout les équipes et l’environnement nécessaire à son bon fonctionnement.

Si le sujet n’est pas résolu assez tôt, cela impact très fortement l’Humain, l’Organisation et l’Environnement technique. Un nouvel outil révèle souvent des problématiques de fonds. Si celles-ci ne sont pas résolues avant la mise en place, on ne fait que répliquer voire renforcer des problèmes managériaux, dans les processus de la solution technique.

Ce qui entraîne :

  • des retards ;
  • une perte de visibilité ;
  • des surcoûts et des litiges contractuels ;
  • des limites techniques difficiles à maintenir ;
  • du désengagement des équipes.

Face à la surcharge d’outil, il y a un ensemble de questions à se poser en amont de la mise en place d’un nouveau logiciel ou d’une nouvelle application. Ces questions peuvent paraître un peu lourdes et chronophages mais elles ont le méritent de :

  • Rassembler tous les acteurs concernés par la mise en place
  • Consolider une vision commune
  • Clarifier les objectifs et les problèmes de fond
  • Résoudre ces problèmes de fond
  • Structurer la gestion de projet
  • Maîtriser les investissements financiers
  • Miser sur l’amélioration et la consolidatio

[1] Idéologie sociologique définie et démontée par le chercheur et auteur Evgeny Morozov


Les métiers du numérique sont-ils accessibles aux personnes neuro-atypiques ?

Est-ce que le secteur du numérique est un secteur d’avenir professionnel pour les personnes neuro-atypiques ? À une ère où le numérique devient nécessaire au quotidien, il est primordial que tout le monde puisse avoir accès au recrutement. 

De plus, le secteur numérique lui-même est en plein essor. Les technologies évoluent, les métiers aussi, ce qui accroît également les besoins en compétences.

En 2018, Pôle Emploi a recensé plus de 71 000 offres d’emploi. Cet essor ne cessera pas dans les prochaines années. Mais concrètement le numérique permet-il un accès plus facile à l’emploi pour tous ? Comment cela s’organise-t-il ? Pour quels types de handicap ? Comment cela-est-il possible ?

#1 - Le secteur numérique,en plein essor pour tous ?

Constat, réactions !

En France, les secteurs du numérique offrent 34 000 emplois nets. On estime que 85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore ou que plus de 191 000 emplois sont à pourvoir d’ici 2022.  En 2018, l’étude, le développement informatique, la maintenance informatique et la bureautique sont les activités qui ont le plus recrutés. Pourtant, les offres d’emplois sont plus importantes que la main d’œuvre qualifiée.

Principaux métiers en tension : les développeur·ses, les expert·e·s en sécurité des réseaux et les architectes des systèmes d’Information. Le secteur numérique, bien qu’en besoin de profils, n’est pas inclusif. Le candidat type restait ancré à des critères obsolètes : Homme de plus de 40 ans, en CDI, et parisien.

C’est pour palier à ce constat que Diversidays et l’association l’Agefiph ont uni leurs forces. En effet, pour Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph* : ce partenariat rappelle « que les situations de handicap ne sont pas un frein pour profiter du formidable levier d’insertion professionnelle que sont les métiers du numérique. Aujourd’hui, nos ambitions communes en matière d'égalité des chances et d’inclusion, dans un secteur en recherche continue de talents, se réalisent ».

Qui embaucher ?

Les personnes en situation de handicap représentent à peine 4% de travailleurs en emploi direct dans le secteur privé et moins de 2% des réorientations professionnelles. Pour l’Agediph, plusieurs facteurs sont en cause :

  • Un manque d’adaptabilités
  • Un manque d’informations accessibles
  • Un manque de politiques efficaces d’inclusion dans les entreprises

Si toutes les personnes en situation de handicap ne sont pas aptes à travailler dans le secteur numérique, les personnes neuro-atypiques**, elles, sont toutes indiquées ; en contrepartie de certains aménagements.

#2 - Les personnes neuro-atypiques, candidats idéaux au recrutement du secteur numérique

Témoignages de recrutement réussi 

Laurent Delannoy, cofondateur et président d’Avencod témoigne de la qualité du travail observée chez les personnes neuro-atypiques : « Ce sont des talents remarquables, intelligents et doués d’une grande capacité de concentration. Mais bien souvent leur insertion professionnelle est freinée, voire empêchée, en raison de leur difficulté à décoder les situations de la vie quotidienne ». Ce témoignage est représentatif de l’expérience des personnes porteuses d’autisme travaillant dans ces métiers numériques qui, plutôt sédentaires avec peu d’interactions sociales s’adaptent parfaitement à leurs comportements et besoins. Leurs capacités de mémorisation, d’analyse, leur esprit créatif, leur attention minutieuse et leur goût pour l’informatique font d’eux des candidats de valeurs pour les entreprises.

Vincent Bouchot, référent handicap dans le groupe BRGM à Orléans donne un constat similaire : « Nous avons 36 salariés handicapés, soit 4,7% de nos effectifs et la moitié de leurs postes de travail ont été aménagés ». Il témoignage de l’intégration de Blanche, porteuse d’autisme, qui a commencé en stage de 6 mois avant d’être embauché en CDD. Son processus de recrutement avait été adapté afin de lui éviter tout stress inutile.

Les solutions techniques !

Mounira Hamdi & Anthony Babkine, co-fondateurs de Diversidays témoigne de l’importance de ce partenariat qu’ils estiment évident, social et nécessaire pour les entreprises numériques : « Le numérique a un rôle déterminant à jouer pour les personnes en situation de handicap. Travailler avec un acteur comme l’AGEFIPH va nous permettre de poursuivre l'accessibilité de nos programmes, d’accompagner davantage de personnes en situation de handicap et, nous l’espérons, de faire plus globalement bouger les lignes en matière d’inclusion et de numérique. C’est une nécessité pour notre pays. Faire en sorte que les emplois d'avenir concernent tous les français, peu importe leurs différences ».

Pour cela, le Centre d’expertise et de ressources nouvelles technologiques et communication souhaite faciliter cette inclusion via la formation, le développement et l’utilisation d’outils numériques adaptés tels que :

  • L’absence de téléphone,
  • L’utilisation de casques à réduction de bruit,
  • L’accompagnement psychologique des personnes le nécessitant,
  • Des logiciels adaptés qui aident à la lecture et à l’écrit comme des dispositifs de correction automatique ou de dictée vocale,
  • Des lampes à lumière pulsée atténuant l’effet miroir dont souffrent les dyslexiques, pour rendre la lecture plus facile et rapide.

De plus, pour aider à l’installation et/ou achats de toutes ces solutions, des aides sont octroyées aux entreprises de secteur privé après l’aménagement du poste de travail de la personne (en situation de handicap) recrutée. L'employeur peut en faire la demande auprès de l'Agefiph.

Le secteur numérique est un secteur en plein essor où les besoins en termes de recrutement sont énormes. On y embauche 2 fois plus que les autres secteurs.

Pourtant, des écarts entre les offres et les candidatures subsistent. On dépeint un manque de personnes qualifiées d’un côté, mais du côté des personnes marginalisées, on identifie aussi un important manque d’inclusion dans les processus de recrutement. Les personnes porteuses de handicap sont très peu présentes dans les filières numériques, et ce, pour plusieurs raisons :

  • Les préjugés sont ancrés dès la formation ;
  • Les recrutements manquent d’inclusion ;
  • Il y a une méconnaissance des softskills propre à chaque situation de handicap ;
  • Les règles salariales sont inadaptées.

En parlant de softskills, plusieurs études et retours d’expérience présentent les personnes neuro-atypiques comme étant parmi les personnes les plus pertinentes à travailler dans les filières informatiques. À condition que des aménagements soient réalisés pour respecter leur situation !

Pour adapter les métiers, des solutions simples existent comme :

  • L’adaptation de l’espace de travail ;
  • L’adaptation des outils de communication ;
  • L’adaptation des logiciels ;
  • La mise en place d’un accompagnement lorsque le handicap le nécessite

*L'Agefiph est l’association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées chargée de soutenir le développement de l'emploi des personnes handicapées. 

** Ce terme définit un fonctionnement cognitif qui diffère de la norme. Le terme rassemble aussi bien les TSA (troubles du spectre de l'autisme, qui incluent le syndrome d'Asperger) et les troubles « DYS » (dyslexie, dysphrasie, dysdcalulie, dysorthographique, etc.).

 


Mothiv'Her : le cocon des professionnelles de la Tech

Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».

Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her

En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :

Découvrez l'interview de l'équipe Motiv'Her

Motiv’Her est une communauté de professionnelles de l'informatique. Au travers de différentes actions d'entraide - ateliers de revue de CV, conseils techniques, pratiques - les membres de la communauté peuvent échanger librement et se soutenir dans le développement de leur activité.

#1 Pouvez-vous présenter Motiv'Her et ses actions ?

Motiv'her c'est avant tout un cocon. Cette notion nous tient vraiment à coeur. Un endroit de bienveillance, d'ouverture d'esprit, d'entraide, de soutien et d'évolution permettant à chaque membre de se nourrir des expériences des autres.

Elle est constituée de 9 mentors, développeuses aux parcours divers mais animées par la même volonté : celle d'aider leurs pairs.

Il existe différentes actions en place comme des ateliers de revues de CV, du contenu sur les réseaux sociaux avec des conseils pratiques, techniques.

Le coeur de Motiv'her c'est sa communauté, un serveur Discord où chaque membre peut participer librement et échanger avec les autres.

#2 Pourquoi avoir créé Motiv'Her ?

Motiv'Her est né de plusieurs constats :

  • dans les communautés de devs déjà existantes, il y a beaucoup de monde mais les femmes ne s'expriment pas toujours, préférant souvent le contact par message privé. En créant un espace à leur destination, peut-être se sentiront-elles plus à l'aise pour s'exprimer.
  • partager des actions individuelles au plus grand nombre. Plusieurs des mentors accompagnaient, en privé, des femmes. L'idée, c'était de regrouper les gens afin de pouvoir faire bénéficier à toutes de ces démarches individuelles.
  • pour créer un espace où chaque femme pourrait se sentir en sécurité, libre de s'exprimer, libre de partager leur expérience aux autres et inspirer les autres.

#3 Bien qu'on fasse complètement partie de l'histoire de l'informatique, qu'est-ce qui fait qu'on soit aujourd'hui si peu de femmes dans ce secteur ?

Cette question est très intéressante, c'est un peu le coeur du problème. Qu'est-ce qui nous a amené à cette situation ? Je pense que cela vient de la société, de l'éducation. Pour certaine, ce parcours n'est parfois simplement pas envisagé, pour d'autres, elles ont connus des obstacles les détournant de cette voie. Il y a donc forcément quelque chose qui ne se passe pas bien à un moment donné.

#4 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans leur parcours ?

Certaines peuvent rencontrer du sexisme ordinaire, un manque de considération, de prise au sérieux. Il n'y a qu'à voir l'absence de femme à des postes à responsabilités dans la tech.

Peut-être parce que personne ne leur propose ces postes, peut-être aussi parce qu'encore aujourd'hui les femmes gèrent aussi leur ménage et qu'il apparait difficile d'être une "bonne femme de maison" avec une carrière à forte responsabilité.

#5 Selon vous, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour motiver davantage les femmes à rejoindre des filières Tech et à y rester ?

Leur parler, leur montrer l'exemple. Il faut que les femmes de la tech soient plus visibles. Naturellement les femmes ne se mettent pas en avant, ne se montrent pas, ne crient pas leur victoire, c'est un tort. On devrait montrer à tout le monde que c'est possible.

Il faut aussi plus d'égalité de salaire et d'opportunités pour accéder à des postes à responsabilités.

#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le sexisme ?

Changer leurs dirigeants.... Plus sérieusement, si les entreprises étaient dirigées par des personnes bienveillantes, alors il n'y aurait rien à faire de particulier. Si chaque personne était valorisée à sa juste valeur, homme ou femme, payée à sa juste valeur et accédait aux opportunités qui lui correspondent, alors il n'y aurait pas de sexisme.

Le sexisme n'existe que parce que des gens propagent et agissent de façon sexiste. Donc tant que les mentalités n'évolueront pas chez les dirigeants, RH des entreprises alors il n'y a rien de concret à faire.


Les Codeuses : un environnement de travail plus sain pour les femmes

Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».

Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her.

En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :

Découvrez l'interview d’Aurore Pavan, fondatrice de l’agence Les Codeuses

Les Codeuses est une agence BtoB qui a pour vocation le développement de solutions pour les TPE / PME, la formation aux métiers du front-end et à l'entreprenariat pour des femmes non-diplômées ou en reconversion professionnelle.

#1 Pouvez-vous présenter votre agence ?

L'agence Les Codeuses est présente depuis 2016, mais ce n'est que très récemment que nous avons formé une petite équipe de designers et développeuses freelances.

Nous avons à coeur de développer des solutions pour les TPE / PME, qui nous confient la maintenance de sites, leur développement ou le design.

Nous allons également nous consacrer prochainement à la formation e-learning des métiers du front-end pour permettre à des graphistes, ou des freelances d'améliorer leurs compétences et de proposer d'autres services.

#2 Pourquoi avoir décidé de vous centrer sur les femmes ?

Le monde du web étant une industrie très masculine, il était important pour nous de créer un environnement où les femmes auraient plus de facilités que dans une entreprise lambda.

Nous sommes persuadées qu'en créant un environnement de travail plus sain pour les femmes, nous améliorons aussi celui des hommes qui collaborent avec nous. Des horaires de travail adaptés à la vie familiale et le recrutement de profils atypiques sont nos motivations principales.

La formation professionnelle des femmes non-diplômées est également un vrai problème. Il est très difficile pour elles d'être acceptées dans une formation classique de développement web ou webdesign, car les institutions (Pôle Emploi ou autre) demandent systématiquement un diplôme. Elles sont donc cantonnées à des métiers peu valorisants sans prendre en compte leur motivation et leur capacité d'apprentissage.

Certaines associations ou entreprises font un travail formidable en présentiel, mais les femmes éloignées géographiquement des grandes villes n'ont pas toujours la possibilité de faire garder leurs enfants pour suivre des cours 8h par jour à plusieurs dizaines de kilomètres, surtout en province. 

C'est pourquoi Les Codeuses proposera très prochainement des formations e-learning sur les métiers du front-end, du webdesign et de l'entreprenariat, à destination des femmes non-diplômées, en reconversion professionnelle ou en recherche d'amélioration de leurs compétences. 

#3 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans ce milieu ?

Le manque d'informations sur les métiers du numérique est encore très répandu. Les croyances disant que les femmes sont plus douées dans le social que dans des métiers d'ingénierie sont encore très prégnantes dans nos sociétés occidentales.

Ces métiers méconnus souffrent encore de l'image de geeks boutonneux des années 80 / 90. Ces hommes qui ne sortaient de chez eux qu'en cas d'urgence, préférant leur ordinateur ou leurs jeux vidéos à une vie équilibrée et saine. Cela ne fait pas "rêver" les jeunes filles qui manquent cruellement de références féminines dans le milieu de la tech.

Des profils comme Ada Lovelace, sans qui le programme informatique n'aurait pas existé, ou de Susan Kare, designer de talent qui a créé la notion d'icônes facilitant la navigation sur les premiers Macintosh, sont très peu connues du grand public. Idem pour les dirigeantes de la tech. Tout le monde connaît les CEO de Facebook, Twitter, Google etc. Mais peu de gens savent que Marissa Mayer qui a dirigé Yahoo pendant 5 ans et qui était n°2 de Google avant cela. 

Si les jeunes filles manquent de références et d'informations, elles subiront malgré elles ce que la société leur impose et n'envisageront même pas d'étudier dans l'informatique.

Il y a aussi le sexisme, très présent dans toutes les sphères de la société où les hommes dominent largement. Beaucoup d'étudiantes en informatiques dénoncent régulièrement sur les réseaux sociaux ces blagues déplacées, allant parfois jusqu'au harcèlement sexuel, tout comme des collègues travaillant en entreprise d'ailleurs. 

#4 Comment préparez- vous les femmes à entrer dans un milieu professionnel majoritairement composé d'hommes ?

Chez "Les Codeuses", nous préférons mettre en place un système où les femmes se sentent bien, tout simplement. Nous estimons être des êtres humains, nous n'avons pas à faire un choix entre sa vie de famille et son travail ou le respect de sa personne et son job. Cela rend les gens plus heureux, et donc plus productifs et efficaces à leur poste.

Les femmes ne doivent cependant pas avoir peur de s'affirmer. Il est de notoriété publique que les développeurs ont parfois un ego surdimensionné. Tous les stratagèmes sont permis pour imposer sa façon de faire, avoir du caractère et une répartie intelligente suffit souvent à régler ce problème.

Nous leur disons simplement que pour ne pas subir, il faut agir. Dénoncer systématiquement les comportements déplacés et vulgaires permet aussi aux hommes qui en sont coupables de se rendre compte de leurs méfaits. Tous ne sont pas des prédateurs, et heureusement que l'on trouve des hommes de plus en plus aptes à agir contre le sexisme en entreprise. Le chemin est long, mais c'est un travail de chaque instant et cela nécessite donc une vigilance constante.

#5 Quels conseils donneriez-vous à une entreprise souhaitant recruter plus de talents féminins ?

Il y a des choses simples à mettre en place, qui ne doivent pas concerner uniquement les femmes, mais toutes celles et ceux qui travaillent au sein d'une entreprise.

Imposer des horaires fixes, le choix du télétravail partiel ou complet, ne jamais tolérer le manque de respect envers un ou une collègue, l'égalité dans les salaires et les promotions, sans que le congé maternité n'entre en ligne de compte.

Ce sont des mesures de bon sens qui ne coûtent presque rien, mais qui peuvent changer beaucoup de choses.

#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le harcèlement et la discrimination ?

Il faut d'abord imposer une vraie politique de tolérance zéro concernant le manque de respect, et pire, les agressions au sein des entreprises. 

Sous couvert d'avoir l'air "cool", on voit de plus en plus de startups où le jeu et l'environnement sympa se transforment en vrai cauchemar pour certaines femmes. Lorsque la familiarité est omniprésente, on s'expose plus facilement aux dérapages, et ce sont trop souvent les femmes qui en font les frais. Il est donc important de construire un environnement sécurisé où tout le monde est respecté.

Des formations contre le harcèlement et les discriminations existent également et permettent aux entreprises de sensibiliser tous les acteurs. Elles permettent souvent de faire prendre conscience des comportements nocifs et discriminants à des personnes qui n'en voyaient pas nécessairement le mal et de trouver des solutions concrètes pour améliorer la vie au travail.

Enfin, les entreprises peuvent agir de manière concrète en mettant en place une vraie mixité. Pourquoi se priver d'autodidactes curieux et débrouillards, de personnes en reconversion professionnelles, même si elles sont proches de la retraite, de personnes de différentes cultures ou convictions religieuses et surtout de femmes ? 

Le web est avant tout construit pour les utilisateurs. C'est notre rôle de concevoir des interfaces pour tous. Comment pouvons-nous prétendre le faire sérieusement si nos équipes ne reflètent pas les utilisateurs que nous sommes censés servir ? 

S'imposer un quota de femmes dans une entreprise permettra inévitablement d'agir efficacement contre le harcèlement. Plus on a de profils différents au sein d'une structure, moins des clans dominants se forment, permettant inévitablement de diminuer les discriminations. 

Si les entreprises n'agissent pas véritablement pour une meilleure mixité dans la tech, ce ne sera pas seulement la qualité de vie au travail qui en fera les frais, ni même la simple représentation des femmes dans ces métiers. Avec l'avènement de l'intelligence artificielle, ce sera tout un monde connecté qui sera prochainement biaisé en imposant un regard purement masculin et dont les femmes seront de fait exclues, ou en tout cas, qui ne se reconnaîtront pas dans les futures interfaces proposées.

Photo by Christina @ wocintechchat.com on Unsplash


Ada Tech School, l'école d'informatique qui (re)féminise la Tech

Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».

Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her

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Découvrez l'interview de Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School.

Ada Tech School est une école d'informatique qui s'est donnée pour mission de faciliter l'accès aux métiers du code et de promouvoir la féminisation des disciplines de la Tech.

Le spécificité de cette école ouverte à tous-tes est de proposer aux apprenant-e-s une formation qui déconstruit les biais genrés et culturels de l'informatique.

#1 Pouvez-vous présenter Ada Tech School et ses actions ?

Ada Tech School est une école d'informatique d'un nouveau genre, qui délivre une formation en 2 ans. Elle repose sur une pédagogie alternative inspirée de celle Montessori : elle enseigne le code à ses apprenant·e·s dans un environnement féministe et bienveillant. Elle met en place des actions concrètes pour permettre un véritable épanouissement des apprenant·e·s, notamment en évitant une notation traditionnelle et en favorisant l'acquisition de badges de compétences, en favorisant le travail collaboratif, en permettant la remontée d'informations, en favorisant la mixité des promotions et l'égalité des chances.

#2 Pourquoi avoir créé Ada Tech School ?

Le secteur de l'informatique manque cruellement de diversité, avec seulement 15% de développeuses et 10% de femmes en étude d'informatique. Le problème est que le numérique aujourd'hui crée le monde de demain et est façonné majoritairement par des hommes, ce qui ne lui permet pas d'être inclusif.

En effet, de nombreux algorithmes sont discriminants par manque de mixité des équipes de développeur·se·s. Nous avons dédié un article à ce sujet : https://blog.adatechschool.fr/les-biais-algorithmiques-ou-comment-le-code-est-injuste-et-discriminant/

Pour permettre une véritable inclusion des femmes dans le secteur tech et dans la société dans son ensemble, nous avons voulu repenser chaque maillon du modèle de l'école d'informatique : la communication, la sélection, la pédagogie. Ce qui fait qu'aujourd'hui, nous recevons 70% de candidatures féminines. Féminisme étant synonyme d'égalité, les hommes sont également les bienvenus au sein de notre école. Le but est de former des alliés, qui auront à travailler ensemble dans leur vie professionnelle future.

Nous avons donc créé Ada Tech School pour permettre aux femmes de trouver une école d'informatique bienveillante, où elles ne seront pas minoritaires et dans laquelle elle ne se retrouveront pas discriminées. Cette école leur permet d'accéder à des postes de développeuses, qui constitue un des métiers les plus recherchés sur le marché de l'emploi et dans lequel elles pourront faire bouger les choses.

#3 Bien qu'on fasse complètement partie de l'histoire de l'informatique, qu'est-ce qui fait qu'on soit aujourd'hui si peu de femmes dans ce secteur ?

Le manque d'intérêt des femmes pour l'informatique est la finalité d'une longue histoire lourde de stéréotypes et de sexisme. A l'époque de la naissance de l'informatique, les femmes ont joué un grand rôle dans son développement, notamment en codant. Mais elles restaient tout de même très marginalisées : elles étaient sous les ordres de concepteurs masculins, elles ne pouvaient pas accéder à des certifications de compétences car la matière était encore trop récente, etc... Cette forte implication des femmes dans l'informatique à ses débuts a fait qu'il s'agissait d'un secteur beaucoup moins sexiste que les autres, car très féminisé, ce qui attirait plus de femmes. Un super cercle vertueux à ce stade.

Voyant les limites des machines informatiques de l'époque, les ingénieurs (souvent des hommes) ont dû contourner les lenteurs des premiers ordinateurs. Les codes sont alors devenus plus complexes. Le métier de développeur·e·s a donc été revalorisé face à la charge et à la difficulté du travail qu'il nécessitait. Les femmes ont été exclues rapidement de ce secteur d'activité. Avec le développement industriel de l'informatique, les nombreuses femmes développeuses des années 70 ont voulu intégrer ce marché de l'emploi. Or, les recruteurs refusaient de les intégrer car cela symbolisait pour eux une "dévaluation du métier." Les femmes ayant moins accès aux études supérieures, n'ayant pas eu de certification de compétences à l'époque, elles n'avaient plus de crédibilité.

L'éducation patriarcale a ensuite joué son rôle : placement des premiers ordinateurs personnels dans la chambre des petits garçons, publicités orientées exclusivement vers la cible masculine, etc... Au moment des études supérieures, les hommes avaient donc un train d'avance sur les femmes. C'est ici que le cercle vicieux a commencé à prendre forme. Les femmes s'intéressent donc moins à l'informatique parce qu'on les a évincées, au fur et à mesure, de la montée en puissance de ce domaine d'activité, elles sont donc minoritaires et souvent discriminées.

Pour revaloriser les femmes actrices dans l'informatique, nous avons consacré une exposition gratuite : https://adatechschool.fr/exposition/

#4 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans leur parcours ?

Les femmes subissent des discriminations. En effet, 70% de femmes disent avoir fait l'objet de sexisme dans le cadre de leurs études en école d'informatique. Ces discriminations sont aussi présentes dans les entreprises, les chiffres parlent encore d'eux-même dans ce cas : 41% des femmes quittent leur poste dans le secteur de l'informatique après 10 an de carrière. De plus, le salaire des femmes dans le secteur de l'informatique est 16% inférieur à celui des hommes. C'est pour toutes ces raisons que les femmes se désintéressent de ce secteur, en plus d'avoir été conditionnées par la société depuis le départ sur le fait qu'elles ne soient apparement par faites pour ça.

#5 Selon vous, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour motiver davantage les femmes à rejoindre des filières Tech et à y rester ?

Il faut s'adresser spécifiquement à elles, leur offrir un environnement dans lequel elles se sentent bien, en confiance et en égalité avec leurs homologues masculins.

A côté, sachant que l'éducation au sens large les a éloigné de ce domaine, plutôt réservé aux hommes, il est nécessaire de les rassurer sur le fait qu'il n'y a pas de prérequis à avoir pour entamer une formation dans le domaine. C'est un métier qui s'apprend et cela ne devrait pas être un frein.

D'autres critères sont aussi attirants pour elles : la volonté croissante des entreprises à mettre en place une politique plus égalitaire et des systèmes anti-discrimination, l'offre de travail importante sur le marché de l'emploi, l'envie de vouloir travailler à rendre le monde plus juste, car le code façonne notre société, etc...

#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le sexisme ?

Notre formation fonctionnant en deux ans, avec une année d'alternance, nous avons des partenaires qui offrent des mesures concrètes pour contrer le sexisme en entreprise et plus largement les inégalités femmes-hommes.

Pour nous assurer de travailler avec des organismes respectant nos valeurs, nous avons mis en place une charte d'entreprise.

En premier lieu, une mesure concrète est de s'engager avec nous pour engager des apprenant·e·s en alternance qui ont des parcours variés, afin de diversifier les équipes.

Mais de multiples manières de s'engager pour l'égalité et contre le sexisme existent : notre partenaire ManoMano met en lumière des réussites féminines auprès des publics externes et internes.

Cela va aussi passer par des politiques adaptées de congés maternité, d'accès aux promotions, d'adaptation des horaires de travail pour permettre la gestion des enfants, de créer des mécanismes anti-harcèlement et discriminations au travail, etc...


Les stages Girls Can Code pour sensibiliser les jeunes filles à la Tech

Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».

Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her

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Découvrez l'interview de Mélanie Tchéou et Clarisse Blanco, membres de l’association Prologin, à l'initiative des stages Girl can Code!

Les stages Girls Can Code! sont des programmes qui visent à promouvoir la mixité dans le numérique, en initiant les collégiennes et lycéennes aux disciplines informatiques.

#1 Pouvez-vous présenter votre association ?

Prologin est une association fondée en 1992, portée par des étudiants. Elle est à l'origine du concours national d'informatique du même nom. Il s’agit d’un concours de programmation et d'algorithmique, gratuit et ouvert à tous les jeunes francophones de moins de 21 ans.

Depuis 2014, Prologin s’engage pour promouvoir la mixité dans le domaine du numérique. Pour cela, l'association organise les stages Girls Can Code : stages gratuits, d'initiation à la à l'informatique destinés aux collégiennes et lycéennes. Nous accueillons chaque année des dizaines de jeunes filles qui souhaitent découvrir ou s'améliorer en programmation.

#2 Pourquoi avoir créé un stage d’informatique pour jeunes filles ?

Cette initiative, qui a vu le jour en 2014, part du constat que les femmes sont sous-représentées dans le numérique. Pour y remédier, Prologin organise des stages, sur une semaine ou pendant un week-end, pour permettre aux collégiennes et aux lycéennes de découvrir la programmation. Ces stages se déroulaient initialement seulement à Paris, mais sont maintenant aussi organisés dans différentes régions françaises. Au cours de ces sessions, des femmes travaillant dans le numérique viennent présenter leur métier et parler de leur parcours. En plus d’une pure initiation au code, nous organisons des ateliers découverte : l’informatique ce n’est pas que la programmation !

L’objectif de Girls Can Code! est de leur faire prendre conscience qu’elles peuvent tout à fait y faire carrière et que ce n’est pas un secteur réservé aux hommes.

#3 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans ce milieu ?

Le monde de l'informatique est très fortement masculin. En effet, on a tendance à associer les métiers du numérique aux hommes, ce qui laisse facilement la place aux stéréotypes et idées reçues, comme le fait qu'il s'agirait d'un métier pour les hommes, ou que les femmes seraient moins compétentes que les hommes.
Ces idées reçues facilitent aussi l’installation du sexisme ordinaire, ce qui peut en décourager plus d'une, ou au moins générer des difficultés pour certaines femmes à se faire respecter et/ou s'imposer.

Déjà en minorité dans l’informatique, les femmes sont également peu représentées dans ce domaine à travers les médias et la télévision. Nous n’avons donc à notre disposition, que trop peu de role models dont on peut s’inspirer et auxquelles s’identifier. Ce manque est aussi un vecteur qui peut amener plus facilement les femmes à s’interroger sur leurs compétences et leur légitimité dans ce secteur composé à majorité d’hommes. Cette remise en question permanente peut alors mener au syndrome de l’imposteur.

#4 Comment préparez-vous les jeunes filles que vous formez à entrer dans un milieu professionnel majoritairement composé d'hommes ?

L’association ne vise pas à former les jeunes filles à entrer dans un milieu professionnel composé majoritairement d’hommes. Le but des stages Girls Can Code! est plutôt d’initier les collégiennes et lycéennes à l’informatique et au code, à lutter contre les stéréotypes associés à notre discipline et à promouvoir la mixité dans ce milieu professionnel.

#5 Quels conseils donneriez-vous à une entreprise souhaitant recruter plus de talents féminins ?

Tout d’abord, nous tenons à préciser que nous sommes étudiantes et que nous n’avons pas forcément beaucoup d’expérience dans le monde du travail, hormis des stages. Pour cette question, nous nous appuyons donc sur notre expérience et ce que nous avons pu observer dans notre entourage.

Les femmes sont sous-représentées dans l’informatique en grande partie car elles pensent que ces études et ces métiers ne sont pas faits pour elles, mais aussi, en raison du manque cruel d’informations. Sensibiliser les plus jeunes à ce sujet, en menant, ou même supportant des actions visant à promouvoir l’informatique, peut permettre d’augmenter la part des femmes dans cette discipline. C’est déjà ce que font certaines entreprises qui soutiennent Prologin et ses actions à travers les stages Girls Can Code!

Ces initiatives ont tendance à viser un public plus jeune, mais certaines femmes en milieu voire même fin de carrière peuvent également se rendre compte que l’informatique est un domaine qui les intéresse, et décider de se lancer dans une reconversion professionnelle. Les entreprises pourraient les aider dans cette démarche, ce qui serait très encourageant pour elles et pourrait même pousser celles qui hésitent encore à se lancer.

Les entreprises peuvent également chercher à rendre l’environnement et l'ambiance de travail agréables et non-toxiques pour les femmes. Des sensibilisations auprès des employés pourraient participer à améliorer ce point.

Plus encore, le gender washing à outrance, présent dans certaines entreprises peut décourager des femmes à postuler et ainsi avoir l’effet inverse. Par exemple, lorsque cet engagement pour l’égalité des genres est plutôt utilisé à des fins de marketing pour se donner une bonne image et qu’en interne, cet engagement ne se poursuit pas forcément. Il paraît donc important de trouver un équilibre.

#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le harcèlement et la discrimination ?

De notre point de vue d’étudiantes, il nous est difficile de donner beaucoup d’idées concrètes, mais la plus évidente et la plus simple reste la sensibilisation. Sensibiliser les employés à ces thématiques nous paraît être la première étape dans la lutte contre le harcèlement et la discrimination, et cela n’est pas valable que contre le sexisme, mais aussi le racisme et autres formes de discrimination. Cela permettrait dans un premier temps à ceux qui ne se rendaient pas compte de la situation d’y être plus attentifs, et peut-être même les pousser à réagir aux actes discriminatoires et/ou de harcèlement. Dans un second temps, la sensibilisation pourrait en pousser d’autres à agir et mener par eux-mêmes des actions de ce type. Cela est d’autant plus efficace que la nouvelle génération tend à être plus engagée dans ce genre de démarches.

Une autre mesure pourrait être la mise en place de référents mixité dans les entreprises. Ce seraient des personnes qui auraient un rôle d’écoute auprès des personnes touchées par des actes de discriminations et de harcèlement, mais également qui seraient chargées de remonter ces problèmes à leur direction.

L’idée générale est de ne pas rester passif face à ce genre de comportements, en réagissant lorsque l’on en est témoin, et l’idéal serait d’être proactif pour prévenir ces actes, à l’aide de mesures de prévention comme décrit plus tôt.


Willa, l'association qui donne aux femmes le pouvoir d'entreprendre

Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».

Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l’inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv’Her

En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :



Découvrez l’interview de Flore Egnell, Déléguée Générale de Willa


 

Willa est un accélérateur d’entreprise qui oeuvre à plus de diversité et d’inclusivité dans les écosystèmes startup. Chaque année, l’équipe Willa accompagne des entrepreneur-e-s à lancer, accélérer ou développer leurs projets. L’ensemble de leurs programmes sont réservés aux projets qui ont au moins 1 femme dans leur équipe dirigeante, avec un réel rôle de décisionnaire.


#1 Pouvez-vous présenter Willa et ses actions ?

Willa œuvre depuis 16 ans pour accélérer la mixité dans l’entrepreneuriat en donnant aux femmes le pouvoir d’entreprendre. L’association accompagne plus de 70 startups fondées ou co-fondées par une femme par an et plus de 200 femmes via des bootcamps pour passer de l’idée à l’action par an. Nous avons ainsi plusieurs champs d’actions :
1. Accompagnement avec des programmes d’accompagnement pour des projets de la phase de l’idée jusqu’aux 3 premières années d’activité ;
2. Sensibilisation avec des plaidoyers et des événements de sensibilisation aux côtés de partenaires engagés et de collectivités locales impliquées dans les sujets d’inclusion et de diversité ;
3. Création et mise en lumière de rôles modèles accessibles avec la mise en avant d’entrepreneures et de startups fondées ou co-fondées par des femmes, dans les médias et événements de l’écosystème ;
4. Vulgarisation et démocratisation des codes l’entrepreneuriat avec des ateliers ouverts à tou.te.s et des événements pour donner à toutes les clés pour entreprendre et encourager les femmes de tous les horizons à se lancer ;
5. Déconstruction de biais de genre et de clichés sur l’entrepreneuriat, au travers de l’ensemble de ces actions.


#2 Pourquoi avoir créé Willa ?

Pour accélérer la mixité et la diversité dans le secteur de l’innovation et la Tech. L’association a été créée en 2005 pour lutter contre les biais de genre profondément ancrés dans la société et réduire les inégalités liées au genre dans l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, WILLA élargit le spectre de ses actions et souhaite faire émerger de nouveaux profils pour créer et façonner le monde de demain : des femmes de tout âge et de tout horizons, pour refléter la société d’aujourd’hui et créer celle de demain.


#3 Bien qu’on fasse complètement partie de l’histoire de l’informatique, qu’est-ce qui fait qu’on soit aujourd’hui si peu de femmes dans ce secteur ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer le manque de représentation des femmes dans le secteur de l’informatique :
1. La minimisation de la participation des femmes aux découvertes scientifiques et avancées dans le secteur de l’informatique, qui a conduit à un cruel manque de rôles modèles : les femmes ne s’identifient plus naturellement à ce secteur ;
2. Les biais de genre conscients et inconscients structurellement intégrés depuis l’enfance : les femmes doivent s’orienter vers des sciences douces (dites molles) et les hommes vers des sciences dures, comme l’informatique. Peu de femmes dans ces secteurs en font un milieu « hostile » pour les femmes ;
3. Un sexisme et une discrimination davantage présents dans ces secteurs, les rendant moins accessibles et attractifs pour les femmes.


#4 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans leur parcours ?

Comme les hommes, les femmes se heurtent aux attentes liées à leur genre, qui malheureusement deviennent plus souvent des difficultés que pour leurs homologues masculins.
1. Le sexisme et les discriminations liées au genre, le harcèlement : altération de la confiance en soi, syndrome de l’imposteur, dépense d’une énergie à affirmer leur légitimité, qui pourrait être investie dans leur projet de carrière ;
2. La dévalorisation financière de leur travail, manque de confiance en leur compétences, plafond de verre, difficultés à lever des fonds… ;
3. La maternité : difficultés physiques et organisation du temps, idées reçues de l’entourage et pression sociale.


#5 Selon vous, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour motiver davantage les femmes à rejoindre des filières Tech et à y rester ?

Il faut inspirer et donner de la motivation aux femmes qui souhaitent s’engager dans ces filières, car elles y ont tout à fait leur place. Il ne faut plus minimiser leur présence dans ces secteurs et il faut valoriser le travail des femmes dans la tech, pour créer des rôles modèles inspirants pour les générations en poste et celles à venir.
Pour changer les choses profondément, il faut donner envie aux jeunes filles et jeunes femmes de se saisir des enjeux de la tech dès le secondaire. Cela passe par l’éducation dès la petite enfance, puis par une sensibilisation dès l’enseignement primaire et et encore davantage encore au moment de leur choix d’orientation dans le secondaire.


#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le sexisme ?


La première choses qu’elles peuvent faire, c’est mesurer le degré de diversité et de mixité de leurs équipes, pour en analyser ensuite les potentielles retombées. L’état des lieux, c’est la première étape pour prendre conscience des enjeux de mixité et mettre en place une politique inclusive adaptée, en matière de recrutement notamment.

Elles peuvent ensuite mettre en place un recrutement inclusif : fixer des quotas à l’embauche, avoir des fiches de poste et une diffusion inclusives dans les termes utilisés dans la rédaction et les représentations sur les photos, définir un processus inclusif de recrutement… Par exemple, veiller à ce que les candidat.e.s rencontrent autant d’hommes que de femmes aux différentes étapes de recrutement.

Enfin, une fois les équipes en poste, il est important de favoriser l’égalité au sein des équipes avec des barèmes sur les salaires, des actions de sensibilisation et formation des équipes et la valorisation de rôles modèles et de bonnes pratiques.

 


Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ?

En Europe, les femmes occupent moins de 7% des emplois technologiques avec seulement 20% de postes IT. Du côté de l’enseignement supérieur, 57% des personnes diplômées sont des femmes dont 25% dans les filières numériques. Pourtant, 81% des entreprises du secteur informatique font face à des difficultés de recrutement, avec des enjeux de marché toujours plus élevés.

Avec l’accélération de la digitalisation, le marché des technologies a d’autant plus besoin de nouveaux talents pour développer des services et des produits plus représentatifs de la société.

Les Femmes ne sont d’ailleurs pas du tout absentes de nos grandes avancées technologiques, ni dépourvu de modèles historiques forts comme Ada Lovelace, Hedy Lamarr, Grace Hopper ou Margaret Hamilton, ou de modèle de dirigeantes comme Ginni Rometty, Susan Wojcicki, Olabisi Boyle, ou Lucy Peng !

Alors où sont les Femmes ? Qu’est-ce qui les motivent à travailler dans la Tech ? Qu’est-ce qui les décourage ? Quelles actions concrètes pour déconstruire les préjugés et faire des secteurs Tech des secteurs plus attractifs et sûrs ?

Pour répondre à ces sujets, nous avons fait appel à une vingtaine de professionnelles, étudiantes ainsi que des associations et formations engagées dans la diversité.

Découvrez leurs parcours, leurs enjeux, leurs motivations et leurs conseils pour mieux recruter mais surtout lutter contre le sexisme, encore trop présent dans ce secteur passionnant, où nous avons tous·te notre place.

#1 - Quels sont les principaux moteurs de motivation ?

Pour la majorité des personnes interviewées, le principal moteur de motivation c’est l’apprentissage continue, comme nous l’a évoqué Imane, Étudiante en école d’ingénieur informatique : « Ce domaine est aussi intéressant qu'il est vaste : plus on en apprend, plus on se rend compte qu'il y a encore plus de choses à découvrir, à creuser, ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais. »

Dans la continuité de l’apprentissage continu, pour la moitié des répondantes, c’est la diversité des disciplines (code, recherche, conseil, stratégie, design…) et de secteurs où évoluer qui les a poussés à se lancer.

« Quand j’ai découvert le monde de la Tech, j’ai surtout été impressionnée par la diversité d’opportunités qui m’était offerte, sans avoir de background en informatique. Je suis tombée amoureuse de cet environnement où l’on apprend beaucoup au fil des challenges quotidiens »

Nicole Young, Ingénieure Software et Youtubeuse

De manière plus éparse, on retrouve également :

  • L’employabilité plus rapide et plus facile
  • La diversité de formation et de spécialisation
  • La transversalité des disciplines et des équipes avec qui travailler
  • Le télétravail plus accessible
  • Les sujets d’avenir à fort impact sociétal

D’ailleurs, pour le tiers d’entre elles, qui ont choisi la voie de la reconversion professionnelle, ce sont ces critères qui les ont également motivés à entamer une carrière dans l’informatique : « […] les formations de reconversion vers le développement web sont désormais légion. C’était une voie à la croisée de plusieurs de mes intérêts alors je m’y suis lancée. » déclare Abeba Ngwe, Développeuse Front End & Youtubeuse.

Les technologies, les enjeux et les produits étant en évolution constante, les secteurs Tech facilitent davantage les reconversions. Grâce aux actions d’organisation engagées dans la diversité et l’inclusion, telles que Ada Tech School, Willa, Girls can code, Motiv’Her, Les Codeuses… les filles et les femmes sont de plus en plus sensibilisées et encouragées à rejoindre des filières Tech.

On peut alors se poser la question suivante : si autant de critères séduisent et engagent, quels sont les obstacles au développement des femmes une fois leur parcours lancé ?

#2 - Quelles sont ces difficultés qui freinent les motivations ?

C’est dès le banc des écoles d’informatique, que les femmes expérimentent les discriminations de genre, comme nous l’a cité Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School« 70% de femmes disent avoir fait l'objet de sexisme dans le cadre de leurs études en école d'informatique ».

Pour Hélène Diep, CEO de Prium Group, ces discriminations se basent sur des clichés selon lesquels les femmes n’ont pas d’intérêt pour les sujets techniques : « Je me souviens que le CIO avait souhaité me décourager de poursuivre mes études dans l’informatique car d’après lui, ces études ne sont pas faites pour les filles ! Il m’a incité à aller vers des études économiques ou sociales. »

Pour Imane, certains comportements d’enseignants banalisent insidieusement les agressions sexistes : « J’ai une magnifique collection de remarques désobligeantes […] par exemple : "les femelles sont des suiveuses", "chut femme" chaque fois que je prends la parole, "ta place c'est la cuisine" sans compter les "blagues" sur le viol, et d'autres horreurs du même genre. […] Un enseignant avait ce genre de comportement avec une étudiante, ne supportant sûrement pas l'idée qu'un jour, une femme pouvait prendre sa place. »

Quant à Tiffany Souterre, Data Engineer, les préjugés intériorisés jouent également un rôle dans la perception des compétences des femmes :
« Je pense que le fait d’être une fille apporte une dimension toute particulière de la perception de nos propres capacités. Encore il y a quelques années, on entendait pas mal “les matières scientifiques c’est plus pour les garçons et les matières littéraires pour les filles.” Je savais que je voulais faire des études scientifiques et je pense qu’inconsciemment, lorsque je ratais quelque chose, c’était parce que j’étais moins douée que mes camarades masculins. Cet état d’esprit m’a amené à ne même pas considérer l’informatique comme études, réputées plutôt difficiles et majoritairement masculin ».

Ces clichés tirent leurs origines des modes d’éducation patriarcales qui ont fini par avoir raison de l’empreinte des femmes au travers de l’histoire de l’informatique.

« A l'époque de la naissance de l'informatique, les femmes ont joué un grand rôle dans son développement, notamment en codant. Mais elles restaient tout de même très marginalisées : elles étaient sous les ordres de concepteurs masculins, elles ne pouvaient pas accéder à des certifications de compétences car la matière était encore trop récente, etc. […] Les femmes ont été exclues rapidement de ce secteur d'activité. Avec le développement industriel de l'informatique, les nombreuses femmes développeuses des années 70 ont voulu intégrer ce marché de l'emploi. Or, les recruteurs refusaient de les intégrer car cela symbolisait pour eux une "dévaluation du métier." Les femmes ayant moins accès aux études supérieures, n'ayant pas eu de certification de compétences à l'époque, elles n'avaient plus de crédibilité. L'éducation patriarcale a ensuite joué son rôle : placement des premiers ordinateurs personnels dans la chambre des petits garçons, publicités orientées exclusivement vers la cible masculine, etc... Au moment des études supérieures, les hommes avaient donc un train d'avance sur les femmes. C'est ici que le cercle vicieux a commencé à prendre forme. »

Salomée David-Baousson, Brand content manager, Ada Tech School

Ainsi, souligne Flore Egnell, Déléguée Générale chez Willa, cet historique sexiste a eu pour effet :

  • La minimisation de la participation des femmes aux découvertes scientifiques et avancées dans le secteur de l'informatique, qui a conduit à un cruel manque de rôles modèles : les femmes ne s'identifient plus naturellement à ce secteur ;
  • Les biais de genre conscients et inconscients structurellement intégrés depuis l'enfance : les femmes doivent s'orienter vers des sciences douces (dites molles) et les hommes vers des sciences dures, comme l'informatique.

L’enracinement des préjugés après les études contribuent aussi au décrochage des talents féminins en entreprise : « 41% des femmes quittent leur poste dans le secteur de l'informatique après 10 ans de carrière. De plus, le salaire des femmes dans le secteur de l'informatique est 16% inférieur à celui des hommes. C'est pour toutes ces raisons que les femmes se désintéressent de ce secteur, en plus d'avoir été conditionnées par la société, depuis le départ sur le fait qu'elles ne soient apparemment pas faites pour ça. » précise Salomée David-Baousson

Pour Aurore Pavan fondatrice de l'agence Les Codeuses, le manque de femmes décisionnaires joue également un rôle dans ces stéréotypes et véhicule l’idée d’un secteur trop complexe à concilier à une vie de famille : « Peut-être parce que personne ne leur propose ces postes, peut-être aussi parce qu'encore aujourd'hui les femmes gèrent aussi leur ménage. Il apparaît difficile d'être une "bonne femme de maison" avec une carrière à forte responsabilité. » 

Cette évolution du sexisme et des discriminations, de l’école jusqu’à l’entreprise, associée aux attentes de la « société » vis-à-vis de leur genre, peuvent se transformer en difficultés individuelles qui limitent le développement personnel et professionnel des femmes :

  • Manque de confiance en soi et en ses compétences ;
  • Syndrome de l’imposteur et plafond de verre ;
  • Dévalorisation financière ;
  • Pression sociale liée à la maternité…

Avec 81% des entreprises du secteur informatique qui font face à des difficultés de recrutement. Ne serait-ce pas le moment idéal pour (re)considérer la place des Femmes au sein des secteurs informatiques ? Et ce, afin de répondre pleinement à tous nos défis techniques et technologiques ?

#3 – Comment faire des secteurs Tech, des secteurs plus attractifs et engageants pour les Femmes ?

  • Déconstruire les préjugés dès le plus jeune âge

Il y a une nécessité de sensibiliser dès l’enfance, à l’aide d’actions visant à promouvoir l’informatique pour tous : « Cela passe par l'éducation dès la petite enfance, puis par une sensibilisation dès l'enseignement primaire, et davantage encore au moment de leur choix d'orientation dans le secondaire. » précise Flore Egnell (DG chez Willa).

Selon Tiffany Souterre : « Il faut travailler sur les stéréotypes des générations pré-2000 qui sont, malgré nous, encore bien ancrés dans l’inconscient collectif, […] ce sont le produit d’une éducation martelée de clichés et d’idées préconçues sur les femmes ». Pour Imane, étudiante ingénieure, cela passe aussi par « arrêter de demander systématiquement aux femmes de faire leurs preuves en travaillant deux fois plus. C’est aussi aux hommes de faire des efforts à considérer les femmes. »

Des initiatives comme les stages Girls can code initient les collégiens et lycéens à l’informatique et au code, à lutter contre les stéréotypes et à promouvoir la mixité dans ce milieu professionnel.

  • Valoriser les rôles-modèles

Les Femmes font partie intégrante de l’histoire de l’informatique et ses avancées contemporaines. Mettre en avant les parcours de carrière au féminin est un moyen pertinent pour orienter les jeunes filles, les rassurer mais aussi un moyen d’inspirer et de projeter les femmes déjà en poste : « Il faut inspirer et donner de la motivation aux femmes qui souhaitent s'engager dans ces filières, car elles y ont tout à fait leur place. Il ne faut plus minimiser leur présence dans ces secteurs et il faut valoriser le travail des femmes dans la Tech, pour créer des rôles modèles inspirants pour les générations en poste et celles à venir. » Flore Egnell (Willa)

Nous connaissons tous Steve Jobs, Bill Gates etc. mais il est aussi temps de parler de Ginny Rometty PDG d’IBM, Ursula Burns PDG de Xerox, Susan Wojcicki PDG de Youtube, Ruth Porat CFO d’Alphabet, Meg Whitman PDG de HP, Marrissa Mayer 1ère femme ingénieure chez Google, Olabisi Boyle VP de Visa’s IoT, Jenny Lee Managing Partner de GGV Capital

  • Sensibiliser aux comportements sexistes et sanctionner tous les types d’agression

Pour Fen Rakotomalala, Consultante en stratégie chez Asgora, la sensibilisation est bien présente mais incomplète : « Au-delà de la formation ponctuelle, il faut également des actions et des sanctions concrètes pour que la volonté d’être plus inclusive soit crédible. Ça ne sert rien de porter des discours sur la diversité si une fois les femmes recrutées, leur salaire reste plus bas, que les congés de naissance restent déséquilibrés, qu'on ne leur permette aucune évolution sans motif factuel, qu'on les harcèle, sans qu'elles aient de soutien ni de leurs collègues ni de leur direction. »

Attention au Gender Washing donc ! Quel que soit les générations, les travailleuses actuelles ne sont plus dupes : « Il faut sensibiliser les hommes ET les femmes déjà en interne dans l’entreprise à ces questions avant même de considérer recruter à l’extérieur. Un environnement inclusif est un argument de taille […] » nous confirme Tiffany Souterre.

Pour Les Codeuses et Girls can code, dénoncer et sanctionner les actes sexistes peuvent avoir pour effet :

  • de permettre aussi aux hommes, qui en sont coupables, de se rendre compte de leurs méfaits et des conséquences ;
  • d’identifier les biais de genre qui entraînent ces comportements ;
  • de renforcer la vigilance et l’écoute ;
  • d’encourager à agir et prendre la parole face à une agression sexiste.
  • Augmenter les salaires, adapter les parcours de carrière et les avantages sociaux

Parmi les stéréotypes les plus tenaces, on retrouve bien souvent la minimisation des motivations financières et « carriéristes » des Femmes. Pour beaucoup, la vocation « familiale » des femmes feraient qu’elles s’intéressent moins à leur salaire et à leur niveau de responsabilité que les Hommes. Pourtant, parmi les 56% des femmes qui décrochent de leur parcours dans la Tech, le salaire et l’absence d’évolution est le 1er motif de départ (à 30%).

Accepter de déconstruire sa perception du rôle de la femme dans la société, par des actions RH adaptées à leurs véritables aspirations, a davantage d’effet sur leur engagement que des actions de communication notamment :

  • L’augmentation des salaires (sur des critères de temps, de compétences et de niveaux de responsabilité) ;
  • La décorrélation de la maternité avec les sujets de carrière et de mobilité interne ;
  • La prise en compte des différentes situations familiales (parent solo, trajet, foyer difficile…) ;
  • La mise en place de congés de naissance paritaires ;
  • La mise en place de sessions régulières de biais busting ;
  • La mise en place de processus de recrutement inclusifs et non-genrés.
  • Embarquer les dirigeants

Pour Nicole Young : « Les dirigeants doivent considérer le sexisme comme un problème réel avant de mener les étapes vers les changements de normes culturelles afin de mettre en place les solutions qui permettront aux femmes de se sentir plus incluses, écoutées et respectées. […] le plus gros challenge c’est aussi de faire comprendre aux dirigeants que les actions correctives prennent de l’énergie et du temps. Des actions cosmétiques comme des événements, des discussions, n’ont pas autant de valeur que des solutions concrètes. »

En effet, les sujets de recrutement, de formation, d’augmentation des salaires, de télétravail, de mobilité interne…sont avant tout des sujets de décisionnaires. Sans la participation mais surtout l’impulsion d’une direction convaincue, les sujets de diversité et de lutte contre les discriminations peuvent rapidement s’essouffler.

L’informatique est un secteur passionnant dans lequel on apprend chaque jour et qui regorge d’opportunités challengeantes. Pourtant, les disciplines des secteurs informatiques font face à plusieurs paradoxes où la nécessité de recruter plus de nouveaux talents se confronte à des stéréotypes sexistes, enracinés des bancs de l’écoles jusqu’aux boards des entreprises.

Ces stéréotypes mènent à un déséquilibre de traitement et de discours partiales qui mènent à :

  • Banaliser le sexisme voire à le légitimer ;
  • Minimiser l’empreinte réelle des Femmes dans les avancées technologiques ;
  • Manque de confiance en soi et en ses compétences ;
  • Syndrome de l’imposteur et plafond de verre ;
  • Dévalorisation financière ;
  • Pression sociale liée à la maternité…

« C'est notre rôle de concevoir des interfaces pour tous. Comment pouvons-nous prétendre le faire sérieusement si nos équipes ne reflètent pas les utilisateurs que nous sommes censés servir ? […] Avec l'avènement de l'intelligence artificielle, ce sera tout un monde connecté qui sera prochainement biaisé en imposant un regard purement masculin et dont les femmes seront de fait exclues, ou en tout cas, qui ne se reconnaîtront pas dans les futures interfaces proposées »

Aurore Pavan, Fondatrice Des Codeuses

Pour être plus attractives, plus inclusives et engageantes, les organisations se doivent d’aller de la remise en question aux actions concrètes afin d’éviter le Gender Washing qui ne dupent plus les futures recrues, ni les utilisateurs.

Pour ce faire, plusieurs solutions existent et sont défendues par plusieurs actrices de la diversité dans les secteurs Tech :

  • Déconstruire les préjugés dès le plus jeune âge
  • Valoriser les rôles-modèles
  • Sensibiliser aux comportements sexistes et sanctionner tous les types d’agression
  • Augmenter les salaires, adapter les parcours de carrière et les avantages sociaux de manière paritaire mais surtout équitable
  • Embarquer autant les salariés que les dirigeants

Par soucis de protection, certains témoignages ont été anonymisés

Merci à toutes les professionnelles qui ont pris le temps de témoigner

Imane
Étudiante Ingénieure
Cybersécurité
Fen Rakotomalala
Consultante IT
Fondatrice Asgora
Abeba Ngwe
Développeuse Front End & Youtubeuse
Coralie Baudry
Développeuse Web
Hélène Diep
CEO Prium Group
Kadidatou Bane
Sale Lead IA & Data
Tiffany Souterre
DevRel @Microsoft
WTM Ambassador @WomenTechmakers
Nicole Young
Ingénieure Software et Youtubeuse
Clarisse Blanco et Mélanie Tchéou
Membres de Girls Can Code 
Aurore Pavan
Fondatrice
Les Codeuses
L’équipe
Motiv’Her
Salomée David-Baousson
Brand Content Manager
Ada Tech School 
Flore Egnell
Déléguée Générale
Willa
Pauline Murça
UX Designer