Interview Ali Moutaib : Croissance et disparités technologiques des pays d'Afrique
Sur le compte Instagram de l’agence (@cool_it_fr), on parlait la semaine dernière des inégalités et disparités technologiques entre les continents : Qui a accès à Internet ? Quelles sont les habitudes ? Quel est l’impact des disparités sur le développement des pays ? Le développement des personnes ?
Afin de compléter nos différentes publications, sous forme de cartographie, nous avons également échangé avec Ali Moutaib, Directeur d'un cabinet de conseil, spécialisé en stratégie et intelligence économique, basée au Maroc.
Nous avons souhaité en savoir plus sur la vision business, qu’on pouvait porter sur les évolutions technologiques des pays d’Afrique.
#1 — Peux-tu te présenter ?
Ali Moutaib, directeur associé d'un cabinet spécialisé en stratégie et intelligence économique, je suis aussi directeur d’une filiale d’une école du même secteur.
#2 — Peux-tu présenter ton activité professionnelle ? Pourquoi fait-on appel à ta société ?
Le métier de la data et de l’information est au cœur des services que nous proposons à nos clients. Si la data est considérée comme le pétrole du 21ème siècle, notre objectif est d’en faire un levier créateur de valeur pour nos clients.
Soit en protégeant leurs actifs : mise en place de veille stratégique et compétitive pour leur produit, mais aussi des services de gestion de risques et de crise (informationnel, cyber). Nous exploitons aussi l’information afin de booster la compétitivité, et la visibilité de nos clients, à travers nos outils d’analyse.
#3 — Pourquoi avoir choisi d'installer ton activité au Maroc ?
Avec une approche business et de coopération sud-sud dynamique sur le continent africain, le Maroc est aujourd’hui un pivot géopolitique et business se situant entre l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique. Notre cabinet a choisi d’accompagner ce mouvement en essayant d’apporter notre pierre à l’édifice.
#4 — Quelle place occupe le web et les nouvelles technologies dans ton activité ? Celle de tes clients ?
La digitalisation occupe aujourd’hui une place de première importance dans le cœur de métier, et des préoccupations de nos clients. Internet est au cœur des enjeux stratégiques des missions, sur lesquelles nous intervenons. Il constitue aussi un levier de développement important dans notre entreprise, que cela soit dans nos processus métiers, mais aussi dans notre stratégie de développement, et à travers nos outils d’analyse de data
#5 — Quelle vision as-tu des disparités entre les différents pays d'Afrique, en termes de développement technologique et d'innovation ?
Il faut noter que le continent africain a rattrapé son retard au niveau du développement technologique et d’innovation ces 20 dernières années.
Les initiatives technologiques ne manquent plus au continent, et la crise sanitaire a aussi accéléré ce phénomène.
Néanmoins, les disparités restent présentes, et se traduisent plus dans les zones rurales, moins connectées, et plus pauvres en termes d’accès à l’information, que les zones urbaines. C’est ce qui accentue plus cette hétérogénéité.
#6 — Comment peut-on expliquer ces disparités ?
Les raisons sont multiples, nous pouvons citer :
· La pauvreté dans les pays les moins avancés, car le coût pour avoir accès à l’information est très élevé
· L’éducation et l’analphabétisme sont l'une des principales raisons pour lesquelles certains pays d’Afrique sont à la traîne par rapport au reste du monde.
· Les politiques gouvernementales, certains pays du continent investissent moins dans les nouvelles technologies, que les autres pays du monde
· Les infrastructures inadéquates sont également un facteur contribuant à cette disparité, notamment les zones rurales qui sont moins connectées.
#7 — Quels sont les impacts principaux sur les populations ?
Si des mesures rigoureuses ne sont pas prises pour réduire le fossé entre ces pays, les disparités seront de plus en plus flagrantes, et nous auront une fissure au sein du continent. Ce qui créera une Afrique à deux vitesses. Tous les secteurs seront impactés : Industrie, agriculture informatique…etc.
#8 — Aujourd'hui, quels sont les besoins principaux liés à internet des différentes populations ?
Internet a révolutionné les communications, à tel point qu'il est désormais notre moyen de communication préféré au quotidien.
Mais il a lui-même été transformé. Si nous nous rappelons bien qu’à ses débuts, il s'agissait d'un réseau statique conçu pour transporter un petit fret d'octets ou un message court entre deux terminaux ; c'était un référentiel d'informations où le contenu était publié et maintenu uniquement par des codeurs experts. Aujourd’hui nous sommes tous des commentateurs, des éditeurs et des créateurs.
Internet n'est plus uniquement un échange d'informations : c'est un outil multidisciplinaire sophistiqué. Il est l'un des principaux moteurs de l'économie d'aujourd'hui. Personne ne peut être laissé pour compte. Même dans un cadre macroéconomique difficile, Internet peut favoriser la croissance, associée à une productivité et une compétitivité accrue.
#9 — Où se situent les bassins d'innovation et de compétitivités informatique africains les plus importants ?
Le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Kenya sont dans le top 5 des pays africains avec les écosystèmes de startups les plus développés.
Il faut par ailleurs noter aussi un écosystème d’innovation très important au Rwanda, mais aussi en Egypte, principalement dans l’industrie de la Fintech.
#10 — Quels sont les activités informatiques les plus compétitifs sur ces bassins ?
Software & Data, Fintech, la technologie de l'énergie et de l'environnement, la technologie du commerce électronique et de la vente au détail, la technologie des transports et la technologie de l'éducation.
#11 — Quelles sont les solutions / initiatives mises en place ou à venir pour réduire les inégalités techniques ?
Pour réduire ces inégalités techniques il faut combattre et résoudre les problèmes qui les engendrent : investir dans les infrastructures, dans la formation, contrer la pauvreté à travers l’éducation, et surtout combattre la corruption. Ce ne sont pas les richesses qui manquent sur le continent, mais l’exploitation des richesses qui est mise en question. L’adoption même d’une politique technologique pourrait permettre d’économiser de 5 à 9 milliards de dollars, soit environ 1,7 % du PIB (Digital Révolutions in Public Finance, FMI, 2017).
Interview réalisée dans le cadre du thème
« Le web est-il égalitaire ? »
Retrouvez les post ici : https://www.instagram.com/cool_it_fr/
Interview de Sylvain Abélard : Les entreprises peuvent-elles utiliser des logiciels gratuits ?
« L’internet libre est-il gratuit ? » C’est la question qui a rythmé la rédaction d’un des thèmes de notre Instagram : @cool_it_fr
Pour y répondre, nous avons abordé la question sous plusieurs angles :
- Celui des internautes
- Celui des professionnels du contenus
- Celui de l’économie
En tant qu’informaticien•ne, quand nous pensons à « la gratuité », nous pensons à l’Open Source. Et bien souvent, nous grinçons des dents, parce qu’en tant que créateur-technicien, pour nous rien n’est jamais vraiment gratuit, et ne devrait jamais l’être totalement pour rester performant et sûr pour les internautes.
Sylvain Abélard, ingénieur Software et partner de la société Faveod, a pris le temps d’échanger avec nous à ce sujet.
#1 – Quel est ton rapport à la gratuité des services en ligne ?
En tant que client, je veux du tout gratuit. Mais si c’est gratuit, c’est vous le produit !
Dans l’ensemble j’ai tendance à fuir le Web gratuit même si la prison Google est dorée.
Mais pas que Google : les exemples ne manquent pas ! Il faut « juste » suivre l’argent et l’histoire.
Les services Google sont pratiques, et comme tout le monde j’apprends ensuite leur coût en données personnelles, en services qui me rendent captifs (le confort d’un tableur partagé), en services qui ferment (Reader, leurs nombreuses messageries) ou qui font le bras de fer avec les acteurs établis (la presse, les commentaires sur Maps).
J’ai appris à me méfier de services qui montent trop vite, puis qui ferment les accès à du contenu que je voulais voir ouvert (Quora, Medium). On sait bien qu’exposer son travail chez un autre, c’est prendre le risque qu’il garde, change, ferme…
On pourrait aussi vouloir un monde moins centralisé, et s’efforcer de prendre des services « moins chers et très pratiques ». Hélas, ils se feront plus ou moins rapidement racheter : Instagram, WhatsApp, Bandcamp, Skype, Tumblr… avec les changements au service que cela peut impliquer.
« En tant que consommateur responsable, je suis content de payer pour des services de qualité, et aussi pour montrer qu’une approche légale et profitable existe. »
Quitte à parler d’histoire ancienne, durant un très court laps de temps, on a vu du RSS partout : des outils ouverts, le rêve que chacun ait son petit serveur et sa part d’internet à soi ! On avait des agrégateurs, des outils permettant de se faire des pages, qui utilisent plusieurs services ouverts…
Puis très vite les intérêts commerciaux ont cherché à re-centraliser ce qui était décentralisé, souvent à perte, dans l’espoir de devenir un acteur indispensable et monétiser tout cela.
En tant que consommateur responsable, je suis content de payer pour des services de qualité, et aussi pour montrer qu’une approche légale et profitable existe. À l’époque, le « danger du piratage » faisait parler jusqu’à l’Assemblée ; depuis, Netflix a mis tout le monde d’accord… et le marché s’est de nouveau fragmenté, le piratage revient plus fort, et ainsi de suite.
Payer, c’est aussi pouvoir voter avec son porte-monnaie : quand diverses entreprises ont voulu ajouter des NFT dans leur produit, il a fallu des mouvements de communautés entières pour dire aux managers « non, nous n’en voulons pas, et nous sommes prêts à quitter le service ».
#2 – Pour nous, Internet s’est fondé sur la gratuité des savoirs et sur le partage, que penses-tu de l’évolution des modèles économiques dans notre accès au contenu ? (tiping, abonnement, crypto…)
Je ne pense pas qu’Internet se soit fondé sur la gratuité.
Internet, ce sont des réseaux décentralisés, pour des raisons stratégiques : d’abord pour l’armée, puis pour les universités qui ont le partage dans leur ADN…(quoique, avec le business des publications et des revues, ça n’est pas si évident).
Internet, c’est pleins d’acteurs qui pensaient faire beaucoup d’argent et qui ont vu ces rêves mis à mal par un acteur dominant, par du piratage, etc.
Ça a culminé en 2000, par une énorme bulle spéculative, et notamment pour toutes les entreprises qui voulaient faire « l’argent de demain ». Finalement c’est Paypal le seul gagnant de cette époque, et dont certaines personnes (la « paypal mafia », Elon Musk par exemple) façonnent encore les modes aujourd’hui.
Personne ne fait d’infrastructure télécom gratuite, personne n’a d’électricité gratuite.
Le partage d’idée gratuit, c’est un acte militant : les mouvements Logiciel Libre, Linux…
Même Firefox fait de gros accords pour proposer un moteur de recherche par défaut.
Même Framasoft, qui fournit de super services, ont bien besoin de se financer quelque part. Ils ont été plébiscités par les profs durant la crise du COVID, et ils ont dû se fendre d’une tribune politique sur le gratuit, les associations, le service public et la mission de l’État.
#3 – L’événement Log4shell a remis sur la table le sujet des développeurs qui travaillent bénévolement à créer des solutions OpenSource. Penses-tu que cela remette en question la gratuité de ce type de modèle ?
Je ne sais pas si log4shell est un événement.
Preuve par XKCD : https://xkcd.com/2347/ (je m’attendais à ce qu’il soit plus vieux)
La maintenance n’est jamais sexy, les problèmes sont connus sans qu’on les regarde.
Les process de sécurité des entreprises disent déjà qu’il faut auditer un peu ses dépendances.
On ne peut pas tout refaire, on doit bien faire confiance à des briques qui ne sont pas chez nous. « Faire, réutiliser, ou acheter » est une question qui se pose tous les jours dans toutes les DSI.
« Le souci n’est pas le gratuit, c’est de mal exploiter le gratuit. »
Une entreprise peut très bien bâtir des choses et faire de l’argent avec des briques gratuites. Elle devrait s’engager, non pas pour l’idéologie, mais simplement pour respecter la loi, protéger ses profits, vérifier que toutes les briques sont encore saines. Le souci n’est pas le gratuit, c’est de mal exploiter le gratuit.
Enfin, la santé mentale des devs Open Source n’est pas un sujet nouveau. On leur en demande davantage, on les traite mal. Il y a des développeurs qui disparaissent ou qui sabotent leurs projets et qui, durant quelques jours, mettent à terre toute une chaîne de sécurité.
Sur les paquets NPM, par exemple, il y a eu ce dev qui a saboté son code dont dépendaient des entreprises, et qui a permis à des pirates d’y mettre des attaques.
Log4shell, c’est la continuité de tout cela, avec peut-être une composante absurde en plus : dans le processus de justification de sécurité, de grosses entreprises ont demandé des audits gratuits à des personnes physiques, qui n’avaient absolument aucun engagement envers elles.
#4 – Selon toi, quel service devrait rester gratuit ? Être payant ? Et pourquoi ?
Rien ne restera gratuit.
Les services publics seront gratuits, car ils sont payés par nos impôts : bibliothèques, médiathèques, services pour participer à la vie locale ou nationale…
D’autres auront une étiquette gratuit et se rémunèreront autrement, via la pub, des partenariats, des produits annexes etc.
Certains services continueront via des plateformes de tipping ou de mécénat, ou tenteront de proposer « mieux que gratuit » (article de Kevin Kelly en mai 2008) : l’immédiateté, coffrets prestige, soutien aux créateurs… à ce titre, les streamers de Twitch sont sûrement un phénomène qui devrait intéresser bien davantage.
Femme de la Tech — Interview de La Steminista, ingénieure cybersécurité et dév Python Django
#1— C’est quoi Steminista ? Qui se cache derrière ? Pourquoi avoir lancé un blog et un compte Instagram ?
La Steminista, c’est simplement la fusion des termes « steminist » et « pythonista ». Deux adjectifs qui me décrivent assez bien en tant qu’ingénieure informatique.
Pythonista, parce que, depuis quelques années déjà, j’utilise principalement Python dans mon travail et mes projets perso.
Et Steminist, parce que je suis convaincu que la contribution des femmes est primordiale dans les sciences dures ou les disciplines dites STEM (Sciences, Technologies, Engineering, Maths).
En tant qu’ingénieure, j’ai eu l’occasion de collaborer sur des projets dans différents métiers et il est vrai que les femmes sont sous-représentées dans le milieu de la tech. Je pense que c’est un vrai gâchis et c’est l’une des principales raisons qui m’ont motivée à lancer mon blog.
Par ailleurs, la documentation et les contenus de formation sont principalement en anglais. Je me disais qu’un blog en français ne ferait pas de mal pour les francophones pour qui l’anglais pouvait être une barrière dans leur processus d’apprentissage. En bref, le blog et le compte instagram sont une façon comme une autre de transmettre, mais aussi d’apprendre de la communauté d’informaticiens présente sur les réseaux.
#2—Tu es ingénieure en cyber avec une spécialisation Python. Quel a été ton parcours ?
J’ai appris les fondamentaux et les bases de l’informatique en école d’ingénieurs. C’était une formation assez vaste et généraliste mais tout à fait bénéfique.
En travaillant, je me suis retrouvée dans des projets qui ont nécessité de mettre en place des solutions pour répondre à des besoins divers. Il fallait avoir plusieurs casquettes et c’est comme ça que je me suis tournée vers Python.
Je pouvais faire de l’automatisation pour les tâches quotidiennes, mettre en place des solutions web avec Django notamment (un Framework puissant basé sur Python) et je profitais des nombreuses librairies qu'offrait Python pour réaliser entre autres des statistiques et de la visualisation de données. Pour faire court, il fallait être polyvalent, rapide et efficace, et Python était un peu mon couteau-suisse.
Après quelques années, j’ai décidé de me spécialiser. Je me suis alors orientée en sécurité informatique. La formation que j’ai suivie a consolidé mes acquis d’informaticienne généraliste, dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information. J’y ai appris à concevoir des systèmes et des solutions robustes et sécurisés, en prenant en compte les aspects techniques, organisationnels et juridiques.
#3—Qu’est-ce qui t’a attiré vers cette profession ?
Les premiers cours d’algorithmique ont été un tournant. J’ai adoré résoudre des problèmes concrets en utilisant des logiques de programmation. Et c’est comme ça que je me suis orientée vers les sciences informatiques.
J’ai eu l’occasion de faire des stages dans différents secteurs et c’est l’une des choses que j’aime le plus en informatique. On apprend continuellement en collaborant avec différents corps de métiers. Ces expériences professionnelles m’ont conforté dans l’idée que c’était ce que je voulais faire.
#4—Qu’est-ce que tu fais concrètement ? À quel moment fait-on appel à toi ?
En tant qu’ingénieure en cybersécurité, cela veut dire que je contribue à la sécurisation et la protection des systèmes d’informations contre les incidents et les attaques malveillantes.
Je travaille actuellement au sein d’une équipe chargée de la conception et de la sécurisation des systèmes d’information.
Il est aussi important de sensibiliser les utilisateurs de façon continue, pour qu’ils apprennent à avoir les bons réflexes face aux dangers qui peuvent menacer l’entreprise.
Mon boulot est de protéger les données et le patrimoine informationnel de l’organisation. Pour cela, il faut réfléchir à une stratégie et la mettre en place à l’aide des moyens techniques et organisationnels mis à notre disposition.
Pour faire simple, construire une stratégie sécurité revient à analyser les risques auxquels l’entreprise est exposée, pour ensuite définir et implémenter des politiques de sécurité.
Il est aussi important de sensibiliser les utilisateurs de façon continue, pour qu’ils apprennent à avoir les bons réflexes face aux dangers qui peuvent menacer l’entreprise.
#5—La sécurité est un sujet qui devient de plus en plus central dans l’actualité informatique, mais reste pourtant assez impopulaire en France, pourquoi selon toi ?
A mon avis, il y a plusieurs facteurs.
- Notre imaginaire ou l’idée qu’on se fait de la sécurité informatique : Dès qu’on parle de cybersécurité, on pense à un jeune homme en hoodie mi-fou mi-génie, planqué dans une salle sombre prêt à répandre le chaos.
- L’apparente complexité du sujet : La sécurité est liée à l’insécurité que l’on ressent face à un sujet vaste qui paraît de prime abord trop compliqué à appréhender. Et ce n’est pas la faute de monsieur et madame tout le monde. Les experts en cybersécurité s’adressent principalement à leur communauté. Pour beaucoup, c’est un univers qui semble réservé à des initiés qui parlent leur propre langage.
- Le sentiment de ne pas être responsable : On se dit que la sécurité est l’affaire exclusive du constructeur du produit ou du fournisseur de service.
- La tendance à sacrifier la sécurité au profit d’une expérience utilisateur plus fluide et plus rapide.
Beaucoup d’entreprises ne mesurent pas l’importance de ces « peut-être » et ne veulent pas investir en fonction de ces prédictions. C’est humain mais ça peut coûter cher. On constate parfois que, tant qu’elle n’a pas été attaquée, une entreprise ne mettra pas tous les moyens pour se protéger.
#5—On constate une importante recrudescence de pannes et de cyberattaques à travers le monde, avec des impacts importants, comment se fait-il que les entreprises soient aussi vulnérables ?
Tout d’abord, la sécurité est un investissement basé sur des prédictions. En d’autres termes, on construit une stratégie de sécurité sur des scénarios décrivant la probabilité que la société soit « un jour », « peut-être » attaquée.
Beaucoup d’entreprises ne mesurent pas l’importance de ces « peut-être » et ne veulent pas investir en fonction de ces prédictions. C’est humain mais ça peut coûter cher. On constate parfois que, tant qu’elle n’a pas été attaquée, une entreprise ne mettra pas tous les moyens pour se protéger.
Mais fort heureusement, les choses changent avec les lois et les nouvelles réglementations en vigueur qui font en sorte que les entreprises prennent la question plus au sérieux.
Par ailleurs, on sait que le facteur humain est la principale source des incidents cybers. La sensibilisation et la formation des collaborateurs, à tous les niveaux, est centrale et ne doit pas être prise à la légère.
On pense aussi que la sécurité est une action ponctuelle, alors que c’est un processus en permanente évolution. Les risques doivent être réévalués, les réponses aux menaces et les politiques doivent être constamment mises à jour.
Enfin, le risque zéro n’existe pas. Les experts sécurité veillent principalement à réduire les risques d’incidents autant que possible et c’est un processus continuel. En d’autres termes, c’est une guerre perpétuelle entre les experts chargés de protéger l’entreprise et les hackers malveillants.
#6—Selon toi, qu’est-ce qu’il faudrait mettre en place pour mieux sensibiliser à la sécurité ?
L’humain est au centre de toute stratégie de sécurité. L’objectif de la sensibilisation à la sécurité est d’instaurer une culture de la cybersécurité. Il est important de mettre en place des formations et des techniques de sensibilisation à la cybersécurité efficaces en entreprise. Il faudrait par exemple :
- Produire une charte informatique de qualité, qui fixe les droits et les devoirs de chacun, est indispensable. Celle-ci doit être claire et facile à comprendre pour les profils non-techniques.
2. Sensibiliser tout le personnel en continu. Les technologies et les techniques d’attaques évoluent rapidement et les collaborateurs doivent être au fait des différents types de risques qui peuvent menacer l’entreprise.
3. Améliorer les modes de communication et vulgariser les concepts techniques au maximum. Les utilisateurs ont besoin de les connaître, pour mieux se protéger, et protéger leurs données. Il faut expliquer aux utilisateurs qu’ils peuvent choisir entre être le problème ou la solution.
4. Rendre la formation ludique et interactive. Au-delà des présentations classiques, on peut se montrer créatif, impliquer les utilisateurs et mettre en place des exercices de simulation ou des ateliers incluant des jeux, des mises en situation et des quizz, et s’assurer que les informations ont été correctement assimilées.
5. Être bienveillant en tant que formateur :
- Eviter le sarcasme ;
- Savoir adapter son discours en fonction du profil et du niveau de responsabilité de chacun ;
- Se montrer ouvert et disponible et instaurer un climat de confiance pour que les collaborateurs posent toutes leurs questions.
#7—Qu’est-ce qui selon toi fait un-e bon-ne ingénieur-e ?
Pour moi, les qualités principales d’un-e bon-ne ingénieur-e sont la curiosité, la créativité, l’envie d’apprendre et la capacité de s’adapter. Un-e ingénieur-e est une personne qui aime relever des défis et résoudre des problèmes. Iel est capable d’avoir une vision claire de ce qu’il veut faire et de comment y parvenir.
C’est aussi quelqu’un qui peut collaborer et travailler en équipe. Concernant les ingénieur-e-s spécialisé-e-s en cybersécurité, avoir un sens moral sans faille est capital, en particulier chez les hackeurs éthiques ou les pentesters.
#8—Qu’est-ce qui est un bon environnement de travail pour toi ?
Selon moi, un environnement de travail sain, c’est avant tout de la flexibilité et de l’agilité pour les employés en leur donnant plus de liberté concernant leur façon d’organiser leur travail. C’est aussi pouvoir communiquer facilement autant entre collaborateurs qu’avec la hiérarchie.
#9—Quels conseils donnerais-tu aux recruteurs et aux entreprises pour mieux recruter/engager des profils techniques ?
J’aurais deux conseils :
- Donnez leurs chances aux passionnés, même s’ils n’ont pas le nombre « parfois irréel » d’années d’expérience requises.
- N’oubliez pas les softs skills. Évidemment avoir des capacités techniques est important, mais une bonne recrue est une personne capable de se former, de s’adapter à de nouvelles technologies, de communiquer et de collaborer au sein d’une équipe.
#10—Quelque chose à rajouter ?
L’informatique n’est pas réservée exclusivement à des élus cracks en mathématiques. L’informatique offre un éventail de possibilités et d’opportunités quasi-infini. On peut apprendre un langage de programmation, écrire des programmes, coder des applications avec un niveau basique en maths. Si ça vous intéresse, lancez-vous ! Les ressources pour apprendre sont illimitées, il suffit de le vouloir.
Pour suivre La Steminista
Le blog : https://lasteminista.com/
Le compte Instagram : https://www.instagram.com/lasteminista/
Amour & entrepreneuriat — Interview de Fen et Erwan dirigeants de l'agence Cool IT
À l’occasion de la Saint-Valentin, nous avons eu l’idée de réaliser des interviews de couples qui baignent, de près ou de loin, dans un secteur informatique. Vous pouvez retrouver une version condensée sur notre compte Instagram : Cool IT.
Par soucis de synthèse, on n’a pas pu partager l’entièreté des interviews sur Cool IT. On profite du Cool IT Blog pour vous proposer l’ensemble des échanges qu’on a eus.
Qu’ils soient un couple de développeur, depuis toujours ou en reconversion, entrepreneurs ou hybride, nous avons souhaité échanger avec Aude et Simon, G. et F., Chenchen et Julien, Fen et Erwan, sur la place qu’occupe leur profession dans leur vie de couple, comment ils communiquent et équilibrent le professionnel du personnel.
Nous terminons cette semaine de l’amour avec un interview des dirigeants de l’agence, Fen et Erwan, partenaires dans la vie et au bureau
Est-ce que vous pouvez vous présenter tous les deux, ainsi que votre activité ?
Fen — Je m’appelle Fen, j’ai 31 ans. Comme activité principale, je suis Analyste fonctionnelle et Cheffe de projet au sein de l’agence Cool IT, co-fondée avec Erwan. En parallèle, comme c’est une petite agence, j’assure aussi le poste de Responsable de communication et marketing, Manager et rédactrice de contenus pour nos différents comptes sociaux, notamment Linkedin et Instagram
Erwan — Je m’appelle Erwan, j’ai 33 ans. Je suis Ingénieur Informatique. En parallèle, je suis Président de l’agence Cool IT ainsi que chef de projet IT, développeur web et responsable financier.
Comment vous êtes-vous rencontrés tous les deux ?
Fen et Erwan — On s’est rencontré dans le cadre de la création d’un autre projet d’Erwan, avec un ancien associé, Jaimie. C’était un projet d’appli de networking entre entrepreneur et freelance. À l’époque, on avait besoin d’un profil de communicante, qui s’est avéré être Fen, une pote de Jaimie. La suite is history comme on dit ! On ne s’est plus quitté depuis !
Est-ce que travailler ensemble ne vous a pas fait peur (pour votre relation) ?
Fen et Erwan — Ha si carrément ! C’est même la principale raison pour laquelle on s’est longtemps tourné autour sans rien faire (rires). À l’époque, on était une équipe de 6 personnes, tous en train de charbonner pour lancer l’appli. Quand on a commencé à se fréquenter, on a choisi d’en parler à personne, pour qu’on ait pas l’impression que Fen avait un traitement différent. Dans cette situation on se pose pleins de question, qu’est-ce qui va se passer si ça s’arrête ? Est-ce que l’équipe va l’accepter ? Comment on gère les conflits perso, dans le pro ?
Connaissiez-vous le métier de l’autre dans son intégralité avant de vous rencontrer ?
Fen — Pas du tout ! J’ai eu une formation classique en communication avec des orientations au départ entre la mode, la musique et le théâtre. Un monde, à l’époque, complètement éloigné de l’informatique. Même si, avant de rencontrer Erwan, j’ai toujours bossé dans le digital, j’ai découvert avec son métier, qu’il y avait bien plus derrière le web. Découvrir son métier m’a motivé à me reconvertir dans le conseil IT !
Erwan — Absolument pas ! Je pensais que la communication c’était juste d’envoyer des messages sur les réseaux sociaux. Je ne savais pas que ça demandait autant d’organisation, de structuration et d’actions différentes, ni l’apport que ça a dans les métiers de l’informatique. Ça m’a permis de faire évoluer mon propre métier.
Comment et pourquoi avez-vous voulu créer votre entreprise ensemble ?
Fen — Très honnêtement, je n’ai pas eu le choix. J’étais paumée, au chômage, avec quelques missions freelance mal rémunérées. Je prenais n’importe quel projet qui allait me permettre de payer mon loyer. J’ai rejoint le 1er projet d’Erwan pour l’équipe, qui avait l’air plus saine que mon milieu d’origine, avec des perspectives nouvelles, et l’opportunité d’apprendre de nouvelles choses.
Erwan — C’est l’entreprise qui est venue à nous ! Notre collaboration a évolué tout au long de notre projet, qui en a amené d’autres. Nous avons naturellement développé l’entreprise sans réellement se poser la question concernant notre couple. On s’est rendu compte progressivement qu’on travaillait bien ensemble, qu’on se complétait bien.
Est-ce que finalement, votre couple est votre force, dans le travail ?
Fen et Erwan — C’est certain ! On dit souvent que si ça marche entre nous dans le privée, c’est parce qu’on s’est construit ensemble au travail. On est assez fiers d’arriver à faire la part des choses. Ça peut être flippant parfois, parce qu’on a l’impression d’avoir une double vie. Comme on a traversé des événements très difficiles en tant qu’entrepreneur, on savait qu’on arriverait à traverser n’importe quoi en tant que couple
Avez-vous des règles, des tips à donner pour conserver un équilibre entre vie perso et vie pro ?
Les deux — Après l’heure c’est plus l’heure ! Quand le travail est fini, interdiction d’en parler !
Erwan — Je dirais : ne rien se cacher, que ce soit dans le pro ou dans le perso. Il faut qu’on puisse rester transparent l’un envers l’autre. La communication est reine ! Je dirais aussi qu’il est important que chacun ait des passe-temps à elle ou à lui, seul-e ou avec son cercle de proche. Sinon on aurait rien à se dire haha !
Fen — De mon côté, je dirais qu’il n’y a pas à culpabiliser de ne pas être toujours capable de séparer les deux. Nous sommes mariés et associés. Notre entreprise finance nos projets de famille, c’est une réalité. D’autant plus que notre dynamique à deux, c’est la stabilité de la boîte. Il est naturel et humain que parfois nos problèmes pro influent sur le perso et inversement. Tant qu’on arrive à trouver une solution, ça ne devrait pas être un tabou.
Amour & Reconversion — Interview de G. et F. développeur-se Ruby on Rails et React
À l’occasion de la Saint-Valentin, nous avons eu l’idée de réaliser des interviews de couples qui baignent, de près ou de loin, dans un secteur informatique. Vous pouvez retrouver une version condensée sur notre compte Instagram : Cool IT.
Par soucis de synthèse, on n’a pas pu partager l’entièreté des interviews sur Cool IT. On profite de l’AsgoBlog pour vous proposer l’ensemble des propos qui ont été échangés avec les couples qu’on a rencontrés !
Qu’ils soient un couple de développeur, depuis toujours, ou en reconversion, entrepreneurs ou hybride, nous avons souhaité échanger avec Aude et Simon, G. et F., Chenchen et Julien, Fen et Erwan sur la place qu’occupe leur profession dans leur vie de couple, comment ils communiquent et équilibrent le professionnel du personnel.
Pour l’interview du jour, nous avons échangé avec G et F, tous les deux devenus développeur•ses Ruby on Rails suite à une reconversion professionnelle.
Vous faites quoi dans la vie tous les deux ?
G — Je suis un ancien comédien, j’ai entamé ma reconversion en 2017. J’ai maintenant 4 ans d’expérience en tant que développeur Web sur RoR et React.
F — Je suis issue du milieu de l’hôtellerie. J’ai entamé ma reconversion durant une grossesse. Ce qui devait n’être qu’un passe temps et devenu un métier. Je me forme depuis 1 an et demi. Après 6 mois de stage, je viens de décrocher mon premier CDI en entreprise.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette profession ?
F & G — A notre rencontre, nous n’étions pas développeur et développeuse.
G — J’ai toujours été un peu geek et F plutôt anti-écran. On s’est retrouvé finalement dans un entre-deux assez logiquement.
F & G — On a toujours quelque chose à apprendre. L’idée est aussi de pouvoir travailler de n’importe où en France. On s’imagine une belle vie en dehors de l’Île-de-France.
Est-ce que vos reconversions ont été facilitées par le fait d’avoir choisi la même orientation vers le dév RoR ?
F & G — Oui, très clairement.
G — J’ai fait beaucoup de chemin pour m’autoriser à faire du code, un job réservé à l’élite, aux ingénieur-e etc…
F — Mon estime n’était pas meilleure, mais le parcours de Gabriel m’a montré que ça pouvait fonctionner et que le voyage valait le détour.
Plutôt dév freelance ou salarié ?
F & G — On est tous deux salariés. Le moment viendra, on sera peut être un jour freelance, mais pour le moment le mot d’ordre, c’est l’apprentissage. On veut s’entourer de pro senior pour apprendre plus, toujours plus. On a un petit retard sur certains aspects, quand on se compare à des ingé sortis de prestigieuses écoles. On aimerait le combler avant nos 40 ans 😀
Quel place occupent vos professions dans votre vie de couple ?
F & G — Pas tant de place que ça. Bien sûr, on s’aide au quotidien et on partage pas mal de nos trouvailles, mais on n’est pas du style à parler code pendant des heures. Après ce qui est cool, c’est que si on a un problème, l’autre comprend. On n’a pas d’effet moldu 😉
On sait que le métier de développeur, c’est un métier où on ramène souvent du travail à la maison, comment arrivez-vous à concilier la vie pro et la vie perso ?
F & G — Chacun sa politique là-dessus !
G — À 18h, la journée est finie et il est très rare que je déroge à la règle, sauf pour des grandes occasions (astreinte, retard accumulé dans la journée…).
F — J’aime bien finir pour être tranquille, quitte à jouer un peu plus sur les limites.
F & G — En revanche, on a une règle incontournable : c’est de ne pas laisser l’autre gérer seul les enfants, et qu’on ne laisse pas l’autre dîner seul. C’est une règle tacite mais inviolée pour l’instant !
À quoi ressemble votre quotidien, en mode Amour, Gloire et lignes de code ?
F & G — Amour oui, et fortement. Gloire, on ne sait pas, on est en tous cas comblé par notre vie. On travaille pour vivre et pas l’inverse, même si nos métiers nous passionnent jour après jour. On a aussi noté qu’on travaillait très mal ensemble. Va savoir pourquoi. Donc depuis qu’on est tous deux sur RoR, on se laisse un peu de distance.
G — Je suis souvent trop exigeant avec Fanny, sans me rendre compte que certaines pratiques que j’ai, nécessitent du temps, ou les bons mentors pour les assimiler.
F & G — On n’est pas forcément les mieux placés pour s’apprendre des choses en un mot. Même si on s’aime fort. Demandez aux parents comment se sont passé les devoirs pendant le 1er Confinement 😀
Amour & RoR — Interview de Chenchen et Julien
À l’occasion de la Saint-Valentin, nous avons eu l’idée de réaliser des interviews de couples qui baignent, de près ou de loin, dans un secteur informatique. Vous pouvez retrouver une version condensée sur notre compte Instagram : Cool IT.
Par soucis de synthèse, on n’a pas pu partager l’entièreté des interviews sur Cool IT. On profite du Cool IT Blog pour vous proposer l’ensemble des propos qui ont été échangés avec les couples qu’on a rencontrés !
Qu’ils soient un couple de développeur, depuis toujours, ou en reconversion, entrepreneurs ou hybride, nous avons souhaité échanger avec Aude et Simon, G. et F., Chenchen et Julien, Fen et Erwan sur la place qu’occupe leur profession dans leur vie de couple, comment ils communiquent et équilibrent le professionnel du personnel.
Pour l’interview du jour, nous avons échangé avec Chenchen et Julien, tous les deux développeur•ses Ruby on Rails salariés, en télétravail.
Est-ce que vous pouvez vous présenter tous les deux ? Et ce que vous faites dans la vie ?
Chenchen : Je suis Chenchen Zheng, d’origine chinoise, je suis actuellement développeuse back-end chez Matera <3 depuis août 2021. J’ai fait la formation accélérée du Wagon. J’ai passé plus de 1000 heures sur Animal crossing !
Julien : Je suis Julien Marseille, actuellement développeur fullstack (RoR) chez Squadracer. Joueur de jeu de société à mes heures perdues.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Dans l’entreprise Watura, une plateforme de formation pour les métiers de l’eau, il y a plus de quatre ans, Julien était en stage de développeur et Chenchen en CDI en tant que CPO.
Vous travaillez tous les deux comme développeurs Ruby on Rails, pourquoi avoir choisi de vous spécialiser sur ce langage ?
Chenchen : Les autres développeurs auxquels j’ai été confrontés faisaient du RoR. On me disait beaucoup de bien de la formation accélérée Le Wagon (qui forme à RoR). Je suis donc partie dans cette direction !
Julien : Un peu au hasard au gré de mes rencontres. J’ai eu l’occasion d’en faire durant un stage et j’ai vraiment bien accroché à la syntaxe, alors j’ai continué ^^
Pour Chenchen, est-ce que ta reconversion a été facilitée par le fait que ton conjoint soit aussi développeur RoR ?
Oui complètement, il m’a beaucoup aidé au début et m’a apporté la confiance nécessaire. Maintenant, c’est moi qui lui apprends des trucs héhé.
Cela faisait quand même longtemps que je m’intéressais à ce domaine, j’étais donc un peu préparée !
Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette profession ?
Chenchen : Le fait d’avoir un métier challengeant, où j’apprends tous les jours.
Julien : La liberté de pouvoir faire tout et n’importe quoi grâce au code, ainsi que la volonté de bien comprendre le monde qui m’entoure.
Vous êtes salarié ou freelance ? Pourquoi avoir choisi ce statut ?
Chenchen : Salariée, car je débute, j’ai encore besoin d’encadrement.
Julien : Salarié, je suis dans une entreprise opale, où tout le monde participe à la construction de la boîte, c’est un sujet qui est très important pour moi, que je ne retrouve pas en freelance.
Quel place occupe vos professions dans votre vie de couple ?
C’est toujours intéressant de pouvoir s’entraider au quotidien — surtout que nous sommes tous les deux en télétravail — c’est comme avoir un rubber duck ++. On se comprend parfaitement et on aime bien se montrer des petits trucs et astuces. Parfois, il faut quand même arriver à faire la part des choses, sinon on risque un peu l’overdose de code.
On sait que le métier de développeur, c’est un métier qu’on ramène souvent du travail à la maison, comment arrivez-vous à concilier la vie pro et la vie perso ?
On a de la chance d’être dans de supers entreprises où ramener du travail à la maison n’est pas trop dans la mentalité. Généralement, à 18h30, on stoppe tout, et on fait autre chose.
À quoi ressemble votre quotidien, en mode Amour, Attack on Titan et lignes de code ?
Coder, jouer à la Switch, Netflix and chill, manger des bons repas (très important ça), boire des bubble tea, visiter des musées, voir les amis, regarder des animes, se faire des petites parties de League of legends, prendre des photos, faire du sport, se faire des bons petits déjeuners.
Amour & Javascript — Interview de Aude orthophoniste et Simon développeur web
À l’occasion de la Saint-Valentin, nous avons eu l’idée de réaliser des interviews de couples qui baignent, de près ou de loin, dans un secteur informatique. Vous pouvez retrouver une version condensée sur notre compte Instagram : Cool IT.
Par soucis de synthèse, on n’a pas pu partager l’entièreté des interviews sur Cool IT. On profite du Cool IT Blog pour vous proposer l’ensemble des propos qui ont été échangés avec les couples qu’on a rencontrés !
Qu’ils soient un couple de développeur, depuis toujours, ou en reconversion, entrepreneurs ou hybride, nous avons souhaité échanger avec Aude et Simon, G. et F., Chenchen et Julien, Fen et Erwan sur la place qu’occupe leur profession dans leur vie de couple, comment ils communiquent et équilibrent le professionnel du personnel.
Pour l’interview du jour, nous avons échangé avec Aude orthophoniste en libéral, anciennement techno-septique, et Simon développeur web full-stack salarié.
Est-ce que vous pouvez vous présenter et présenter ce que vous faites dans la vie ?
Simon : J’ai 27, je suis développeur web fullstack pour le compte d’un promoteur immobilier. Je participe depuis bientôt trois ans au développement d’une application de gestion des programmes immobiliers, depuis l’achat des terrains à la remise des clés. Je suis également en reprise d’étude en fac d’Histoire.
Aude : J’ai 30 ans, je suis orthophoniste depuis cinq ans et j’ai monté mon cabinet en libéral il y a un an.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Nous nous sommes rencontrés durant nos années de pratique de la salsa et du rhum.
Quels étaient les clichés que vous aviez l’un et l’autre sur la profession d’Orthophoniste et de Développeur Informatique ?
Simon : Je pensais que l’orthophonie se résumait globalement à aider les personnes atteintes de bégaiement.
Aude : Moi, j’avais toujours mis dans le même sac toutes les personnes qui touchent à un ordinateur. Donc (honte à moi), j’avais tendance à présenter Sami comme le mec qui “fait de l’ordinateur”, alors que de dév à technicien informatique il y a plus qu’un fossé !
Comment vous parlez du métier de l’autre ?
Simon : Maintenant que je connais mieux son métier, je parle du métier de Maud comme d’un métier utile à la société et sous-évalué humainement et socialement, contrairement au mien.
Aude : Je trouve intéressant les problèmes de conception qu’il se pose. Je vois mieux l’apport du numérique dans des outils de rééducation, notamment dans mon métier et je suis moins fermée à leur égard qu’avant. J’en parle en des termes simples. Je suis en mesure d’expliquer le métier de développeur web tel qu’il le pratique. J’ai compris ce que sont le front et le back, je sais qu’il ne faut jamais supprimer la base de prod (histoire vécue apparemment). Je connais l’organisation possible d’une équipe informatique !
Aude, l’activité de Simon a-t-elle influé dans ta manière d’appréhender l’informatique et ton usage d’Internet ?
Depuis qu’on est ensemble, Sami me parle matin, midi et soir des sujets liés à la vie privée sur internet. Il m’a bassinée avec des applications, qui ne collectent pas de données personnelles de manière démesurée.
Verdict, j’ai accepté d’en installer certaines pour tester. Maintenant je les utilise au quotidien : le Proton Calendar, une application de suivi de cycle menstruel, l’application de messagerie Signal, NewPipe (un simili-Youtube).
De manière générale, j’ai évolué dans ma vision de l’informatique et du développement. Je commence même à connaître quelques termes techniques !
Simon, le fait que Aude n’avait pas d’intérêt pour l’informatique à la base, a-t-il influé dans ta manière de parler de ce que tu fais ?
Je me rends compte que les discussions que j’ai avec les collègues et amis qui pratiquent le même métier sont toujours obscures, et que des concepts qui nous semblent simples, sont en réalité incompréhensibles.
J’ai donc adapté mon vocabulaire à la maison, prodigué des explications pour tenter de me faire comprendre, lorsque je parle des problèmes que me pose la récursivité par exemple, notamment pour pouvoir me plaindre le soir. Je recueille désormais autant d’empathie que de bâillements, ce qui est un progrès !
Les problématiques tiennent parfois à l’organisation du travail au sein de mon entreprise, sujet qui nous préoccupe tous les deux.
Pour pouvoir en discuter, il a fallu également définir les métiers et missions proches des miennes, comme celles de Lead dev, de Product Owner, de chef de projet informatique, de DSI, …
C’est quoi votre quotidien en mode Amour, Gloire, Langage Oral et Ligne de Code ?
En plus du love et du zouk, notre quotidien est rempli de conversations liées au travail, où on se comprend de mieux en mieux, quitte à acquiescer avant d’avoir parfaitement saisi !
Aude : Et grâce à Simon, je ne partage pas mon cycle menstruel avec Mark Zuckerberg 🙂
Ada Tech School, l'école d'informatique qui (re)féminise la Tech
Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».
Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her
En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :
- Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School
- Aurore Pavan, Fondatrice de l’Agence Les Codeuses
- Flore Egnell, Déléguée Générale chez Willa
- Clarisse Blanco et Mélanie Tchéou, Membres de Girls Can Code
- L’équipe Motiv’Her
Découvrez l'interview de Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School.
Ada Tech School est une école d'informatique qui s'est donnée pour mission de faciliter l'accès aux métiers du code et de promouvoir la féminisation des disciplines de la Tech.
Le spécificité de cette école ouverte à tous-tes est de proposer aux apprenant-e-s une formation qui déconstruit les biais genrés et culturels de l'informatique.
#1 Pouvez-vous présenter Ada Tech School et ses actions ?
Ada Tech School est une école d'informatique d'un nouveau genre, qui délivre une formation en 2 ans. Elle repose sur une pédagogie alternative inspirée de celle Montessori : elle enseigne le code à ses apprenant·e·s dans un environnement féministe et bienveillant. Elle met en place des actions concrètes pour permettre un véritable épanouissement des apprenant·e·s, notamment en évitant une notation traditionnelle et en favorisant l'acquisition de badges de compétences, en favorisant le travail collaboratif, en permettant la remontée d'informations, en favorisant la mixité des promotions et l'égalité des chances.
#2 Pourquoi avoir créé Ada Tech School ?
Le secteur de l'informatique manque cruellement de diversité, avec seulement 15% de développeuses et 10% de femmes en étude d'informatique. Le problème est que le numérique aujourd'hui crée le monde de demain et est façonné majoritairement par des hommes, ce qui ne lui permet pas d'être inclusif.
En effet, de nombreux algorithmes sont discriminants par manque de mixité des équipes de développeur·se·s. Nous avons dédié un article à ce sujet : https://blog.adatechschool.fr/les-biais-algorithmiques-ou-comment-le-code-est-injuste-et-discriminant/
Pour permettre une véritable inclusion des femmes dans le secteur tech et dans la société dans son ensemble, nous avons voulu repenser chaque maillon du modèle de l'école d'informatique : la communication, la sélection, la pédagogie. Ce qui fait qu'aujourd'hui, nous recevons 70% de candidatures féminines. Féminisme étant synonyme d'égalité, les hommes sont également les bienvenus au sein de notre école. Le but est de former des alliés, qui auront à travailler ensemble dans leur vie professionnelle future.
Nous avons donc créé Ada Tech School pour permettre aux femmes de trouver une école d'informatique bienveillante, où elles ne seront pas minoritaires et dans laquelle elle ne se retrouveront pas discriminées. Cette école leur permet d'accéder à des postes de développeuses, qui constitue un des métiers les plus recherchés sur le marché de l'emploi et dans lequel elles pourront faire bouger les choses.
#3 Bien qu'on fasse complètement partie de l'histoire de l'informatique, qu'est-ce qui fait qu'on soit aujourd'hui si peu de femmes dans ce secteur ?
Le manque d'intérêt des femmes pour l'informatique est la finalité d'une longue histoire lourde de stéréotypes et de sexisme. A l'époque de la naissance de l'informatique, les femmes ont joué un grand rôle dans son développement, notamment en codant. Mais elles restaient tout de même très marginalisées : elles étaient sous les ordres de concepteurs masculins, elles ne pouvaient pas accéder à des certifications de compétences car la matière était encore trop récente, etc... Cette forte implication des femmes dans l'informatique à ses débuts a fait qu'il s'agissait d'un secteur beaucoup moins sexiste que les autres, car très féminisé, ce qui attirait plus de femmes. Un super cercle vertueux à ce stade.
Voyant les limites des machines informatiques de l'époque, les ingénieurs (souvent des hommes) ont dû contourner les lenteurs des premiers ordinateurs. Les codes sont alors devenus plus complexes. Le métier de développeur·e·s a donc été revalorisé face à la charge et à la difficulté du travail qu'il nécessitait. Les femmes ont été exclues rapidement de ce secteur d'activité. Avec le développement industriel de l'informatique, les nombreuses femmes développeuses des années 70 ont voulu intégrer ce marché de l'emploi. Or, les recruteurs refusaient de les intégrer car cela symbolisait pour eux une "dévaluation du métier." Les femmes ayant moins accès aux études supérieures, n'ayant pas eu de certification de compétences à l'époque, elles n'avaient plus de crédibilité.
L'éducation patriarcale a ensuite joué son rôle : placement des premiers ordinateurs personnels dans la chambre des petits garçons, publicités orientées exclusivement vers la cible masculine, etc... Au moment des études supérieures, les hommes avaient donc un train d'avance sur les femmes. C'est ici que le cercle vicieux a commencé à prendre forme. Les femmes s'intéressent donc moins à l'informatique parce qu'on les a évincées, au fur et à mesure, de la montée en puissance de ce domaine d'activité, elles sont donc minoritaires et souvent discriminées.
Pour revaloriser les femmes actrices dans l'informatique, nous avons consacré une exposition gratuite : https://adatechschool.fr/exposition/
#4 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans leur parcours ?
Les femmes subissent des discriminations. En effet, 70% de femmes disent avoir fait l'objet de sexisme dans le cadre de leurs études en école d'informatique. Ces discriminations sont aussi présentes dans les entreprises, les chiffres parlent encore d'eux-même dans ce cas : 41% des femmes quittent leur poste dans le secteur de l'informatique après 10 an de carrière. De plus, le salaire des femmes dans le secteur de l'informatique est 16% inférieur à celui des hommes. C'est pour toutes ces raisons que les femmes se désintéressent de ce secteur, en plus d'avoir été conditionnées par la société depuis le départ sur le fait qu'elles ne soient apparement par faites pour ça.
#5 Selon vous, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour motiver davantage les femmes à rejoindre des filières Tech et à y rester ?
Il faut s'adresser spécifiquement à elles, leur offrir un environnement dans lequel elles se sentent bien, en confiance et en égalité avec leurs homologues masculins.
A côté, sachant que l'éducation au sens large les a éloigné de ce domaine, plutôt réservé aux hommes, il est nécessaire de les rassurer sur le fait qu'il n'y a pas de prérequis à avoir pour entamer une formation dans le domaine. C'est un métier qui s'apprend et cela ne devrait pas être un frein.
D'autres critères sont aussi attirants pour elles : la volonté croissante des entreprises à mettre en place une politique plus égalitaire et des systèmes anti-discrimination, l'offre de travail importante sur le marché de l'emploi, l'envie de vouloir travailler à rendre le monde plus juste, car le code façonne notre société, etc...
#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le sexisme ?
Notre formation fonctionnant en deux ans, avec une année d'alternance, nous avons des partenaires qui offrent des mesures concrètes pour contrer le sexisme en entreprise et plus largement les inégalités femmes-hommes.
Pour nous assurer de travailler avec des organismes respectant nos valeurs, nous avons mis en place une charte d'entreprise.
En premier lieu, une mesure concrète est de s'engager avec nous pour engager des apprenant·e·s en alternance qui ont des parcours variés, afin de diversifier les équipes.
Mais de multiples manières de s'engager pour l'égalité et contre le sexisme existent : notre partenaire ManoMano met en lumière des réussites féminines auprès des publics externes et internes.
Cela va aussi passer par des politiques adaptées de congés maternité, d'accès aux promotions, d'adaptation des horaires de travail pour permettre la gestion des enfants, de créer des mécanismes anti-harcèlement et discriminations au travail, etc...
Les Codeuses : un environnement de travail plus sain pour les femmes
Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».
Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her.
En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :
- Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School
- Aurore Pavan, Fondatrice de l’Agence Les Codeuses
- Flore Egnell, Déléguée Générale chez Willa
- Clarisse Blanco et Mélanie Tchéou, Membres de Girls Can Code
- L’équipe Motiv’Her
Découvrez l'interview d’Aurore Pavan, fondatrice de l’agence Les Codeuses
Les Codeuses est une agence BtoB qui a pour vocation le développement de solutions pour les TPE / PME, la formation aux métiers du front-end et à l'entreprenariat pour des femmes non-diplômées ou en reconversion professionnelle.
#1 Pouvez-vous présenter votre agence ?
L'agence Les Codeuses est présente depuis 2016, mais ce n'est que très récemment que nous avons formé une petite équipe de designers et développeuses freelances.
Nous avons à coeur de développer des solutions pour les TPE / PME, qui nous confient la maintenance de sites, leur développement ou le design.
Nous allons également nous consacrer prochainement à la formation e-learning des métiers du front-end pour permettre à des graphistes, ou des freelances d'améliorer leurs compétences et de proposer d'autres services.
#2 Pourquoi avoir décidé de vous centrer sur les femmes ?
Le monde du web étant une industrie très masculine, il était important pour nous de créer un environnement où les femmes auraient plus de facilités que dans une entreprise lambda.
Nous sommes persuadées qu'en créant un environnement de travail plus sain pour les femmes, nous améliorons aussi celui des hommes qui collaborent avec nous. Des horaires de travail adaptés à la vie familiale et le recrutement de profils atypiques sont nos motivations principales.
La formation professionnelle des femmes non-diplômées est également un vrai problème. Il est très difficile pour elles d'être acceptées dans une formation classique de développement web ou webdesign, car les institutions (Pôle Emploi ou autre) demandent systématiquement un diplôme. Elles sont donc cantonnées à des métiers peu valorisants sans prendre en compte leur motivation et leur capacité d'apprentissage.
Certaines associations ou entreprises font un travail formidable en présentiel, mais les femmes éloignées géographiquement des grandes villes n'ont pas toujours la possibilité de faire garder leurs enfants pour suivre des cours 8h par jour à plusieurs dizaines de kilomètres, surtout en province.
C'est pourquoi Les Codeuses proposera très prochainement des formations e-learning sur les métiers du front-end, du webdesign et de l'entreprenariat, à destination des femmes non-diplômées, en reconversion professionnelle ou en recherche d'amélioration de leurs compétences.
#3 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans ce milieu ?
Le manque d'informations sur les métiers du numérique est encore très répandu. Les croyances disant que les femmes sont plus douées dans le social que dans des métiers d'ingénierie sont encore très prégnantes dans nos sociétés occidentales.
Ces métiers méconnus souffrent encore de l'image de geeks boutonneux des années 80 / 90. Ces hommes qui ne sortaient de chez eux qu'en cas d'urgence, préférant leur ordinateur ou leurs jeux vidéos à une vie équilibrée et saine. Cela ne fait pas "rêver" les jeunes filles qui manquent cruellement de références féminines dans le milieu de la tech.
Des profils comme Ada Lovelace, sans qui le programme informatique n'aurait pas existé, ou de Susan Kare, designer de talent qui a créé la notion d'icônes facilitant la navigation sur les premiers Macintosh, sont très peu connues du grand public. Idem pour les dirigeantes de la tech. Tout le monde connaît les CEO de Facebook, Twitter, Google etc. Mais peu de gens savent que Marissa Mayer qui a dirigé Yahoo pendant 5 ans et qui était n°2 de Google avant cela.
Si les jeunes filles manquent de références et d'informations, elles subiront malgré elles ce que la société leur impose et n'envisageront même pas d'étudier dans l'informatique.
Il y a aussi le sexisme, très présent dans toutes les sphères de la société où les hommes dominent largement. Beaucoup d'étudiantes en informatiques dénoncent régulièrement sur les réseaux sociaux ces blagues déplacées, allant parfois jusqu'au harcèlement sexuel, tout comme des collègues travaillant en entreprise d'ailleurs.
#4 Comment préparez- vous les femmes à entrer dans un milieu professionnel majoritairement composé d'hommes ?
Chez "Les Codeuses", nous préférons mettre en place un système où les femmes se sentent bien, tout simplement. Nous estimons être des êtres humains, nous n'avons pas à faire un choix entre sa vie de famille et son travail ou le respect de sa personne et son job. Cela rend les gens plus heureux, et donc plus productifs et efficaces à leur poste.
Les femmes ne doivent cependant pas avoir peur de s'affirmer. Il est de notoriété publique que les développeurs ont parfois un ego surdimensionné. Tous les stratagèmes sont permis pour imposer sa façon de faire, avoir du caractère et une répartie intelligente suffit souvent à régler ce problème.
Nous leur disons simplement que pour ne pas subir, il faut agir. Dénoncer systématiquement les comportements déplacés et vulgaires permet aussi aux hommes qui en sont coupables de se rendre compte de leurs méfaits. Tous ne sont pas des prédateurs, et heureusement que l'on trouve des hommes de plus en plus aptes à agir contre le sexisme en entreprise. Le chemin est long, mais c'est un travail de chaque instant et cela nécessite donc une vigilance constante.
#5 Quels conseils donneriez-vous à une entreprise souhaitant recruter plus de talents féminins ?
Il y a des choses simples à mettre en place, qui ne doivent pas concerner uniquement les femmes, mais toutes celles et ceux qui travaillent au sein d'une entreprise.
Imposer des horaires fixes, le choix du télétravail partiel ou complet, ne jamais tolérer le manque de respect envers un ou une collègue, l'égalité dans les salaires et les promotions, sans que le congé maternité n'entre en ligne de compte.
Ce sont des mesures de bon sens qui ne coûtent presque rien, mais qui peuvent changer beaucoup de choses.
#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le harcèlement et la discrimination ?
Il faut d'abord imposer une vraie politique de tolérance zéro concernant le manque de respect, et pire, les agressions au sein des entreprises.
Sous couvert d'avoir l'air "cool", on voit de plus en plus de startups où le jeu et l'environnement sympa se transforment en vrai cauchemar pour certaines femmes. Lorsque la familiarité est omniprésente, on s'expose plus facilement aux dérapages, et ce sont trop souvent les femmes qui en font les frais. Il est donc important de construire un environnement sécurisé où tout le monde est respecté.
Des formations contre le harcèlement et les discriminations existent également et permettent aux entreprises de sensibiliser tous les acteurs. Elles permettent souvent de faire prendre conscience des comportements nocifs et discriminants à des personnes qui n'en voyaient pas nécessairement le mal et de trouver des solutions concrètes pour améliorer la vie au travail.
Enfin, les entreprises peuvent agir de manière concrète en mettant en place une vraie mixité. Pourquoi se priver d'autodidactes curieux et débrouillards, de personnes en reconversion professionnelles, même si elles sont proches de la retraite, de personnes de différentes cultures ou convictions religieuses et surtout de femmes ?
Le web est avant tout construit pour les utilisateurs. C'est notre rôle de concevoir des interfaces pour tous. Comment pouvons-nous prétendre le faire sérieusement si nos équipes ne reflètent pas les utilisateurs que nous sommes censés servir ?
S'imposer un quota de femmes dans une entreprise permettra inévitablement d'agir efficacement contre le harcèlement. Plus on a de profils différents au sein d'une structure, moins des clans dominants se forment, permettant inévitablement de diminuer les discriminations.
Si les entreprises n'agissent pas véritablement pour une meilleure mixité dans la tech, ce ne sera pas seulement la qualité de vie au travail qui en fera les frais, ni même la simple représentation des femmes dans ces métiers. Avec l'avènement de l'intelligence artificielle, ce sera tout un monde connecté qui sera prochainement biaisé en imposant un regard purement masculin et dont les femmes seront de fait exclues, ou en tout cas, qui ne se reconnaîtront pas dans les futures interfaces proposées.
Photo by Christina @ wocintechchat.com on Unsplash
Mothiv'Her : le cocon des professionnelles de la Tech
Cette semaine, nous avons sorti l’article « Comment attirer et retenir plus de talents féminins dans les secteurs Tech ? ».
Pour répondre à ce sujet, pendant plusieurs mois, nous avons recueilli les témoignages d’une vingtaine de professionnelles et étudiantes ainsi que plusieurs organisations engagées dans la diversité et l'inclusion telles que Ada Tech School, Les Codeuses, Willa, Girls Can Code, Motiv'Her
En plus de l’article, retrouvez les interviews complètes de :
- Salomée David-Baousson, Brand Content Manager chez Ada Tech School
- Aurore Pavan, Fondatrice de l’Agence Les Codeuses
- Flore Egnell, Déléguée Générale chez Willa
- Clarisse Blanco et Mélanie Tchéou, Membres de Girls Can Code
- L’équipe Motiv’Her
Découvrez l'interview de l'équipe Motiv'Her
Motiv’Her est une communauté de professionnelles de l'informatique. Au travers de différentes actions d'entraide - ateliers de revue de CV, conseils techniques, pratiques - les membres de la communauté peuvent échanger librement et se soutenir dans le développement de leur activité.
#1 Pouvez-vous présenter Motiv'Her et ses actions ?
Motiv'her c'est avant tout un cocon. Cette notion nous tient vraiment à coeur. Un endroit de bienveillance, d'ouverture d'esprit, d'entraide, de soutien et d'évolution permettant à chaque membre de se nourrir des expériences des autres.
Elle est constituée de 9 mentors, développeuses aux parcours divers mais animées par la même volonté : celle d'aider leurs pairs.
Il existe différentes actions en place comme des ateliers de revues de CV, du contenu sur les réseaux sociaux avec des conseils pratiques, techniques.
Le coeur de Motiv'her c'est sa communauté, un serveur Discord où chaque membre peut participer librement et échanger avec les autres.
#2 Pourquoi avoir créé Motiv'Her ?
Motiv'Her est né de plusieurs constats :
- dans les communautés de devs déjà existantes, il y a beaucoup de monde mais les femmes ne s'expriment pas toujours, préférant souvent le contact par message privé. En créant un espace à leur destination, peut-être se sentiront-elles plus à l'aise pour s'exprimer.
- partager des actions individuelles au plus grand nombre. Plusieurs des mentors accompagnaient, en privé, des femmes. L'idée, c'était de regrouper les gens afin de pouvoir faire bénéficier à toutes de ces démarches individuelles.
- pour créer un espace où chaque femme pourrait se sentir en sécurité, libre de s'exprimer, libre de partager leur expérience aux autres et inspirer les autres.
#3 Bien qu'on fasse complètement partie de l'histoire de l'informatique, qu'est-ce qui fait qu'on soit aujourd'hui si peu de femmes dans ce secteur ?
Cette question est très intéressante, c'est un peu le coeur du problème. Qu'est-ce qui nous a amené à cette situation ? Je pense que cela vient de la société, de l'éducation. Pour certaine, ce parcours n'est parfois simplement pas envisagé, pour d'autres, elles ont connus des obstacles les détournant de cette voie. Il y a donc forcément quelque chose qui ne se passe pas bien à un moment donné.
#4 À quelles difficultés les femmes font-elles face dans leur parcours ?
Certaines peuvent rencontrer du sexisme ordinaire, un manque de considération, de prise au sérieux. Il n'y a qu'à voir l'absence de femme à des postes à responsabilités dans la tech.
Peut-être parce que personne ne leur propose ces postes, peut-être aussi parce qu'encore aujourd'hui les femmes gèrent aussi leur ménage et qu'il apparait difficile d'être une "bonne femme de maison" avec une carrière à forte responsabilité.
#5 Selon vous, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour motiver davantage les femmes à rejoindre des filières Tech et à y rester ?
Leur parler, leur montrer l'exemple. Il faut que les femmes de la tech soient plus visibles. Naturellement les femmes ne se mettent pas en avant, ne se montrent pas, ne crient pas leur victoire, c'est un tort. On devrait montrer à tout le monde que c'est possible.
Il faut aussi plus d'égalité de salaire et d'opportunités pour accéder à des postes à responsabilités.
#6 Quelles sont les mesures concrètes que les entreprises devraient mettre en place pour lutter contre le sexisme ?
Changer leurs dirigeants.... Plus sérieusement, si les entreprises étaient dirigées par des personnes bienveillantes, alors il n'y aurait rien à faire de particulier. Si chaque personne était valorisée à sa juste valeur, homme ou femme, payée à sa juste valeur et accédait aux opportunités qui lui correspondent, alors il n'y aurait pas de sexisme.
Le sexisme n'existe que parce que des gens propagent et agissent de façon sexiste. Donc tant que les mentalités n'évolueront pas chez les dirigeants, RH des entreprises alors il n'y a rien de concret à faire.